Alors oui, l'art nous sert de moyen de nous échapper, de rester sains dans un monde devenu fou. Et l'art améliore aussi notre vie quotidienne en créent un environnement qui nous parle, nous rassure, nous entoure de beauté dans des formes et des couleurs qui nous touchent. Et sur un niveau plus pratique, dans la salle de conférence un Lart sert-il à quelque chose? Les utilités de l'art sont contestées par beaucoup de gens au travers du monde, et cela est tout à fait compréhensible. En effet si l'on regarde une peinture ou une statue, on peut tout à fait se demander a quoi cela sert. Pourtant si l'on y réfléchie, pour tout le monde ou presque, l'art fait partie Questionétonnante lorsqu’on y réfléchit : faut-il chercher d’abord l’efficacité alors qu’avec la prière nous sommes dans l’ordre de la gratuité ? Se poser la question de l’efficacité de la prière, n’est-ce pas déjà douter et comme l’on dit, être « désabusé » Lart sert-il à quelque chose ? Dans son roman La route du retour Jim Harrison donne un point de vue sur l'art d'une très grande beauté : L'art se trouve au cœur de notre être le plus intime et il fait partie de la nature des choses tout L’art n'apporte rien à l'homme qui lui permet de vivre, d'évoluer, et c’est d’ailleurs une des fonctions de l’art que d’être désintéressé, comme le dit Oscar Wilde « l’art est tout à fait inutile ». Lestyle oratoire sert-il encore à quelque chose ? Une rencontre avec Julie Gayet, comédienne et productrice, Bertrand Périer, avocat, professeur d’art oratoire, Jean Garrigues, professeur d’histoire politique, modérée par Valerie de Senneville (Les Echos Week-End). L’art oratoire, la rhétorique, l’éloquence n’ont eu au cours SN1uca. 1En tant que dérivé du jeu, l’humour, tout comme l’art, intégrerait les principes opposés de plaisir et de réalité, les espaces intrapsychiques et interpsychiques, les instances du conscient et de l’inconscient... Une analyse qui s’alimente autant des textes psychanalytiques » que de l’abondante littérature critique concernant les courants et tendances de l’art contemporain. 2Humour et art sont deux phénomènes énigmatiques, en ce qu’ils opposent une résistance à toute analyse et qu’ils risquent de perdre leur attrait une fois mis à nu par une explication. Un tableau de Ben Vautier l’illustre une boîte noire avec l’écriture Boîte mystère à l’instant où elle sera ouverte elle perdra toute valeur esthétique. » 3Mais la pulsion épistémophilique défie cette mise en garde elle nous pousse à ouvrir la boîte noire en sachant qu’on n’y parviendra jamais complètement. 4Je me limiterai ici à considérer l’art, que notre époque appelle plastique », comme héritier des beaux arts. 5La question de l’humour dans l’art contemporain a pour moi un écho personnel. Si je m’interroge sur ce qui me pousse à me rendre aux expositions d’art contemporain, je réponds d’abord que j’y cherche une distraction. Je cherche à être amusée, surprise, pour ressortir avec un bénéfique chamboulement dans les idées capable de relancer ma curiosité pour les réalités du monde, de l’époque à venir, de la condition humaine. Bref, je cherche une remise en cause des idées reçues, qui s’accompagne de plaisir, même si parfois elle entraîne un certain effroi. En somme, tout le contraire de l’ennui de mon enfance lors des visites si répétitives aux musées et églises de l’Italie catholique. Dans ces lieux gardiens d’art ancien, éminemment sérieux, les objets, telles les reliques sacrées, m’apparaissaient poussiéreux, immuables, sévères, mélancoliques. Dans mes souvenirs, ces temples qui conservent l’art sont des contextes où l’humour et le rire sont proscrits. Que les salles de musée exposent aujourd’hui des œuvres si désacralisantes a pour moi le goût délicieux du blasphème leur fréquentation me procure le plaisir de la transgression. De plus, en tant que public, je m’offre le confort d’une transgression sans risque le statut officiel du musée d’art contemporain, leur appartenance au monde culturel, permettent au visiteur de se sentir quelque peu appartenir à ce monde. Donc cela me procure en prime une satisfaction de nature narcissique. 6En tant que sujet contemporain, je me sens parfois à la merci d’importants changements de notre époque en perpétuelle évolution, en perpétuelle crise de valeurs, sans certitudes auxquelles s’accrocher. Le spectacle de l’art contemporain m’offre alors une mise en perspective de ces angoisses, d’une autre nature que celle que l’on peut atteindre par une démarche purement rationnelle. Il ouvre des perspectives inédites par la mise en relation d’éléments a priori distincts qui aboutissent à un nouvel objet original. Il consent un sentiment de légèreté aussi inattendu sur des sujets graves ou inquiétants. 7Le résumé de ces bénéfices personnels issu de la contemplation de l’art contemporain correspond aux bénéfices de l’humour tels que S. Freud et quelques autres de ses successeurs les ont décrits. La remise en cause des pensées reçues voire le plaisir de la transgression proviennent de l’émergence soudaine de contenus pulsionnels dans un contexte secondarisé ; le ressenti de légèreté face à la gravité de la réalité extérieure correspond au rôle consolateur de l’instance parentale intériorisée qui montre au moi-enfant le côté risible de ses peurs. L’humour fonctionne comme une défense contre la honte, la dépression, le mécontentement, le dégoût, le désespoir dont l’excellence le rapproche de la sublimation, bien qu’il relève plutôt de l’économie narcissique le moi ne se laisse pas accabler par les calamités de la réalité extérieure. 8Humour et art sont intimement liés dans la théorie psychanalytique. Mais, pour saisir la place que l’humour a prise dans l’expression artistique contemporaine, il faut rappeler que, dans l’histoire de l’art, le comique a été exclu ou marginalisé. Pour les anciens, l’humour était thérapeutique de l’humeur par la voie de la catharsis Hippocrate pensait que dans le rire s’écoulaient les excès de bile, l’humeur noire néfaste à l’organisme entendu comme un ensemble psychosomatique ; ce qui rejoint Aristote dans la théorie de la fonction cathartique d’un spectacle artistique notamment le théâtre. Humour et humeur ont une même origine étymologique que la langue anglaise a conservée. 9Mais, depuis le Moyen Âge, la conception chrétienne du rire a prédominé il était du côté du mal, du satanique. L’art était une affaire sérieuse, puisque liée à la religion, puis aussi aux personnages haut placés dans la politique. Les rares exceptions d’œuvres burlesques étaient considérées à la marge de l’art, en tant que formes mineures la caricature. 10Ce n’est que lorsque l’art se donne une tâche critique des valeurs, de la religion, du pouvoir établi, des institutions y compris celles de l’art lui-même, que les conditions propices à l’utilisation de l’humour apparaissent. L’humour peut dire quelque chose de la réalité dans laquelle nous vivons et reprendre ainsi une position morale tout en restant ludique. 11La liberté de représentation, la recherche de l’abolition des censures, l’ouverture sur l’exploration de toutes les possibilités élèvent l’humour dans ses différentes formes au rang de catégories est présent dans quasiment tous les courants d’art contemporain, aussi divergents les uns des autres. Nous ne choisirons que quelques exemples parmi un nombre continuellement entre art et humour le jeu12Si l’utilisation de l’humour dans l’art ne se trouve légitimée que depuis l’époque moderne, ces deux termes relèvent pourtant du même domaine tout comme la création artistique, naît de la capacité de jouer. La particularité paradoxale du jeu est de faire coexister le principe de plaisir avec le principe de réalité. En tant que dérivés du jeu, l’humour et l’art héritent de lui l’aptitude unificatrice et conciliatrice des opposés. 14Jouer est une première forme de métaphorisation qui permet le passage de l’objet primaire à l’utilisation d’autres objets, cheminement de la symbolisation qui aboutit au langage comme éventuellement à l’expression artistique. Le jeu naît de la nécessité de dépasser une souffrance, et l’enfant acquiert la maîtrise de la situation douloureuse en apprenant par le jeu à se la représenter. Par la progressive mentalisation de l’objet, l’activité du jeu se parachève dans la représentation de choses, puis de mots. La manipulation des représentations de mots a l’avantage de permettre une énorme liberté, dont les rêves, les jeux de mots, sont des exemples. D’autre part, l’activité de jeu peut aussi aboutir au travail artistique, manipulation d’un matériau ou de sa motricité pour concrétiser des représentations les œuvres. 15Dans Les Mots d’esprit et leur rapport avec l’inconscient, S. Freud fait dériver le Witz esprit et mot d’esprit en allemand du jeu enfantin avec les mots qui reposent sur la répétition du semblable, l’assonance, la redécouverte du connu. Condamné par la conscience adulte parce que contraire à la raison, le jeu avec les mots ne peut subsister qu’à condition de trouver un sens, pour répondre aux nouvelles exigences de l’intellect. Pour ne pas renoncer à ce plaisir du non-sens, pour tromper l’instance critique, l’adolescent cherche à faire du sens dans le non-sens. 16S. Freud retrouve les mêmes procédés du travail du rêve déplacement, condensation, figuration, dans ce que l’on a appelé plus tard le travail de l’humour ». L’art plastique aussi peut employer les mêmes procédés comme le rêve, il utilise la plasticité visuelle, comme le Witz celle des mots. 17Art et humour peuvent s’analyser comme un jeu entre un contenu manifeste et un contenu espace interrelationnel18L’espace de jeu correspond à une aire transitionnelle située entre réalité psychique et réalité extérieure. Cet espace du comme si » est l’espace de l’illusion D. W. Winnicott, qui participe de l’espace culturel dont l’art est partie intégrante. 19L’humour et l’art partagent la même collocation psychique dans un entre-deux. Entre deux instances inconscient et conscient, fantasme et réalité. Mais aussi entre deux espaces l’espace intrapsychique et l’espace interpsychique. Car la capacité de jouer comporte des allers-retours entre des contenus subjectifs, inconscients, et une forme communément partageable, secondarisée. 20L’humour comme l’art permet de résoudre aussi l’ambivalence de pulsions, il peut exprimer l’agressivité et garder les liens objectaux ; il garde les investissements narcissiques et objectaux, car, bien que relevant d’un travail essentiellement intrapsychique, il a tout de même besoin d’un public pour être communiqué. 21Humour et œuvre d’art se forment à partir d’un désir inconscient qu’ils réalisent de façon imagée, comme le rêve, le fantasme et le symptôme. Mais, à la différence de ceux-ci, ils s’ouvrent aux autres qui, du coup, pourront partager les bénéfices narcissiques sans avoir dépensé l’énergie nécessaire au travail artistique et-ou au travail de l’humour. 22Le public ainsi transformé en complice des mêmes tendances pulsionnelles exprimées peut, de surcroît, se sentir appartenir au cercle des initiés. À son tour, l’approbation du public fonctionne comme miroir réassurant pour le narcissisme de l’ rire des mêmes choses implique une certaine consonance de fonctionnement psychique. Si elle est absente, le public peut avoir un sentiment d’exclusion, voire de persécution, d’être la victime dont on rit, si l’œuvre lui semble inaccessible. En témoignent ceux qui méprisent l’expression artistique contemporaine parce que, tout en percevant l’existence d’une dimension transgressive et-ou humoristique, elle leur quoi se moque l’art ?23Bien que les prémisses soient présentes dans plusieurs courants artistiques, l’on peut faire remonter au dadaïsme et au ready-made de M. Duchamp le début d’un positionnement humoristique de l’art sur lui-même. 24Un ready-made est un objet désigné comme œuvre par l’artiste et par son public. Ainsi, un urinoir renversé porte pour titre Fontaine. D’abord, l’ensemble surprend, le titre contraste et confère une perspective nouvelle à ce qui est perçu visuellement. Les associations d’idées se portent sur le renversement de situation où le flux de l’urine, eau sale, entre dans le réceptacle de l’urinoir, alors que, de façon opposée mais analogue, l’eau propre jaillit d’une fontaine à laquelle est associé communément le geste de s’abreuver. Fantasme phallique-urétral du petit garçon qui a donné forme à certaines sculptures ornant les fontaines baroques. Mais un renversement analogue dans un autre domaine s’opère ici un objet réputé vulgaire non seulement parce que reproductible, fabriqué en série, mais aussi en raison de sa fonction, est élu au rang d’objet d’art, entrant soudainement dans le royaume du sublime. 25L’effet de surprise a sa fonction dans l’humour pendant un instant, l’œuvre nous sidère, nous restons hésitants. Comprendre l’humour nécessite la suspension de la morale, de la critique intellectuelle. Nous partageons la même mise entre parenthèses de ces catégories avec l’auteur et la satisfaction qui en découle. En même temps, il nous épargne le chemin rationnel que nous aurions dû parcourir pour aller d’une idée à l’autre ou aux autres condensées dans un même mot ou une même se moque de lui-même26La démarche transgressive du ready-made touche à l’image de l’art ouvrant la voie à un ensemble infini d’explorations où la critique de la société est en même temps remise en cause de l’artiste, de son propre courant artistique, de l’art en général. 27Citons l’exemple très connu de P. Manzoni du courant de l’ arte povera », la boîte de conserve Merda d’artista, de 1961. Parodie de l’œuvre d’art idéalisée, avertissement que même une œuvre d’art est destinée à sa finale consomption. Ici, la désublimation de l’art va de pair avec la désillusion de la croyance en sa pérennité. Deux représentations opposées fusionnent l’œuvre et son auteur sont de la merde et ils ne se prennent pas pour de la merde ! L’excrément fétiche qui se vend sur le marché de l’art retrouve son statut inconscient de matière d’échange, d’équivalence symbolique à l’argent, voire à l’or, puisque c’était le cours journalier du métal fin qui a fixé le prix des canettes de trente grammes ! La sexualité anale infantile est mise en scène sans entraves. 28L’œuvre consiste en même temps en la boîte de conserve, avec une étiquette qui la nomme, et en l’idée de ce que cet objet représente. La boîte perd sa valeur une fois ouverte, tout comme la boîte mystère » de Ben. L’artiste B. Bazile qui le fait en 1989 y trouve une autre boîte. 29Cloaca de W. Delvoye en 2000 un engin qui reproduit le système digestif humain. Un ensemble de tuyaux transparents d’allure très hygiénique qui, correctement alimenté, produit six heures plus tard des étrons qui sont mis en vente sous cloche. Plusieurs chefs de la gastronomie française se prêtent au jeu et préparent des plats pour la machine. L’humanisation de la machine montre son revers la mécanisation de l’humain moderne. Instrument à transformer la nourriture en excrément, cette sculpture est une vanitas » de la société de consommation un mécanisme digestif géant, complexe, irréprochablement propre qui ingurgite des quantités de nourriture pour ne produire, in fine, que des déchets commercialisés. Condensation de deux images de l’homme contemporain la machine et l’animal dans sa forme la moins évoluée, telle un gastéropode ! Mais l’art aussi devient, à l’image de l’homme, un immense mécanisme qui produit des excréments à se moque des idoles humour cynique30L’art, aujourd’hui, s’est donné comme l’une des tâches la dénonciation des valeurs de la société, de ses institutions jusqu’à celles de l’art même. 31L’art se moque, démasque, détourne des valeurs qu’il a pourtant officiellement dépassées. Comme une dénégation, il nie l’adhésion à des codes pourtant représentés, montrant d’une part son attachement ambivalent à ceux-ci. De là, son besoin de légitimation du public, sa recherche de complices réconfortant sa position. L’humour sert alors cette connivence. Il s’agit d’humour tendancieux, car l’on aperçoit la percée des pulsions partielles dans ce que les œuvres donnent à voir. 32D’Arsen Salvadov, une photographie couleur Donbass-Chocolat, 1997. Derrière une porte ouverte qui sert de cadre, des mineurs semblent poser pour un ballet. Ils sont nus ou en tutus blancs, sales de suie charbonneuse, au regard sévère et dans des postures fatiguées par le labeur. C’est une citation des clichés qui hantent le peuple russe le ballet classique et la force ouvrière. Le premier féminin, léger, éthéré. La seconde masculine, puissante, musclée. Une image de l’art russe, désuète, candide, contrastant avec une réalité du travail dure et humiliante. La satisfaction sado-anale de salir, rabaisser un tel idéal artistique et de société, pour en démasquer l’hypocrisie. 33À notre époque qui se détache des préceptes catholiques, l’humour dans l’art charnel d’Orlan parodie sainte Thérèse du Bernin, les mots de l’Évangile. Il dénonce aussi la commercialisation de l’art, sous forme de prostitution. 34Beaucoup d’œuvres adoptent une forme humoristique pour dénigrer la société commerciale actuelle avec ses corollaires de gaspillage, mauvaise répartition des richesses et de soucis écologiques. 35Nus de Rémy Le Guilerm, 1994. Devant un mur qui porte la reproduction de La Chute de l’homme et l’expulsion du jardin d’Eden de Michelangelo Buonarroti, un couple aussi nu qu’Adam et Eve pousse un caddie regorgeant de pommes rouges. Ils ont l’air effrayés, comme s’ils avaient peur d’être surpris ou craignaient une catastrophe. La citation du tableau classique évoque le thème judéo-chrétien de la faute originelle. Mais le caddie plein à ras bord de pommes au premier plan contraste avec la pomme » unique, à valeur hautement symbolique, qu’Eve propose à Adam. En un seul regard, l’exagération nous apparaît grotesque, à la mesure de la commercialisation, de la convoitise des humains d’aujourd’hui. Mais, derrière le contexte actuel, nous sommes renvoyés au thème plus universel de l’avidité orale archaïque du bébé jamais rassasié qui guette en nous. L’envie du bon sein généreux de la mère-terre nous pousse à désirer le vider de tout son lait. D’où la crainte d’une rétorsion et l’angoisse d’être détruit ou rejeté par elle. 36Le land art opère dans sa démarche un renversement humoristique le paysage n’entre plus dans le tableau, il devient lui-même tableau », œuvre. 37Un exemple qui ne passe pas inaperçu est celui des empaquetages de monuments de Christo. Paradoxe visuel dans le paysage urbain le monument est caché-montré, effacé-souligné, illustrant la régression à la représentation de choses où le principe de contradiction est inopérant. 38Tandis que, d’habitude, le monument passait inaperçu, son emballage attire le regard, le rendant soudainement plus désirable, comme un cadeau qui invite à le découvrir, comme le corps de l’amant qui invite à le déshabiller. C’est aussi un rappel que même le monument, malgré sa charge d’art et d’histoire, n’est qu’une marchandise emballée, prête à être consommée. Du coup, l’humour touche aussi l’image de l’art et de l’artiste qui cache, emballe les monuments déjà faits, au lieu de les conceptuel pousse la question ouverte par le ready-made jusqu’à ses extrêmes conséquences l’art consiste en l’idée, véhiculée par le discours. Les œuvres finissent par ressembler, à s’y méprendre, à des mots d’esprit, quelques-uns devenus célèbres comme des proverbes. En France, les exemples les plus connus sont ceux de la série de tableaux » de Ben Vautier où la figuration du mot tableau » le représente comme un tableau noir d’école sur lequel apparaissent des parodies de maximes dans une écriture cursive blanche comme à la craie. L’humour joue ici sur le double sens du mot dont l’un est donné à voir par la figuration, comme dans un rêve. Mais l’humour, dans chacun de ses tableaux », réside dans une multiplicité de sens. Citons, par exemple, on est tous ego ». Ici, l’écriture est déviée de son orthographe attendue, laissant apparaître une autre pensée sous-jacente à on est tous égaux ». À la lecture, un seul mot recouvre deux idées différentes, mais qui se renvoient l’une l’autre c’est l’égocentrisme de chacun qui nous rend tous pareils. L’apparence est celle d’un lapsus calami involontaire d’un enfant qui ignorerait l’orthographe. Mais l’esprit naïf révèle une vérité. Ce mot d’esprit faussement inoffensif, selon la catégorie freudienne, déshabille, en réalité, comme le mot à tendance sexuelle et, comme le mot à tendance hostile, il attaque, dévoilant ainsi l’intérêt narcissique qui hante et contredit le principe égalitaire, fondement de notre société dite démocratique ».L’art se moque de la mort l’humour noir39Dans le type d’humour dit noir », le moi lutte contre l’angoisse de castration, dont l’extrême est bien l’angoisse de mort. Le macabre est rabaissé, ridiculisé au profit du narcissisme. 40Du courant Panique » de Pan, dieu de l’amour, de l’humour et de la confusion, Abel Ogier sculpte l’ Homme béquille » un homme cul de jatte, nu, se servant de béquilles qui sont en fait ses jambes. 41Comme une image de rêve, l’humour ici joue sur la condensation béquilles et jambes il est handicapé, mais il a ses jambes à la place des béquilles…. L’impression visuelle, d’abord effrayante, laisse vite la place à l’idée que le handicap est d’une autre nature, que la difficulté à maintenir la station débout et à marcher est celle de l’artiste en tant que homo erectus » d’assumer sa position existentielle qui lui permettrait un regard vers l’horizon et une avancée vers l’ noir s’exprime dans le body art, ce qui ne surprend pas puisque cette forme artistique qui fait du corps son œuvre et son médium porte de façon exacerbée la question de la finitude corporelle comme limite. Ainsi M. Journiac propose un Contrat pour un corps en 1972 une transformation post mortem de son squelette en œuvre d’art Vous pariez pour la peinture, votre squelette est laqué blanc. Vous pariez pour l’objet, votre squelette est revêtu de vos vêtements. Vous pariez pour le fait sociologique, l’étalon-or, votre squelette est laqué or. » Les deux conditions du contrat mourir et lui céder son corps Ardenne, 2001. L’artiste transforme votre dépouille en œuvre impérissable. C’est faire un pied de nez à la mort, se consoler avec l’idée d’une certaine forme de pérennité se moque de sa capacité de créer l’humour sceptique42À notre époque dite postmoderne », l’humour devient souvent sceptique. Certains courants en étaient les précurseurs, par exemple le pop art, mais même sous une forme prosaïque d’images publicitaires, d’objets de consommation les plus vulgaires et communs, l’art avait encore son mot à dire. 43Or, l’on voit aujourd’hui apparaître des formes d’art qui semblent crier le désespoir de l’ancien proverbe Nihil novi sub sole. 44L’attitude d’autodérision devient franchement autodépréciative avec Sherrie Levine, simulationniste des années quatre-vingt, qui reflète la perte de foi dans l’art comme moyen de changement de la société. Sa démarche radicale consiste à signer des reproductions de tableaux d’auteurs connus. Sa signature s’accompagne de celle du maître, par exemple S. Levine after Morandi », où after » peut se traduire par d’après » et-ou après ». C’est une forme d’humour désespéré qui exprime un sentiment d’impasse de l’art et du monde postmoderne, un sursaut du moi qui cherche malgré son accablement à représenter l’affect mélancolique qui ne laisse pas de place à l’espoir, au futur. Il n’y aurait plus de création possible, que de la recréation. La référence aux maîtres ne laisse plus d’espace au sujet l’idéal du moi écrase le narcissisme. 45L’humour tire généralement profit d’une souffrance, comme le masochisme à cette différence près qu’il la déjoue sans l’ignorer, il ne l’érotise pas. Mais l’humour sceptique dans l’art postmoderne laisse trop passer l’impuissance, le désespoir, il arrive mal à les contredire. La sidération de l’effet de surprise risque de se figer au lieu de se détendre en un sourire de et art s’expriment dans l’espace de l’illusion, espace de liberté nécessaire à l’équilibre psychique de l’individu comme à celui de la société. En cela, ils aident à soulager la tension entre les deux pôles de l’existence la réalité interne et la réalité externe. 47L’humour offre une solution contre des affects qui pourraient menacer l’intégrité du moi. Il s’agit donc d’un enjeu narcissique. Il n’est pas surprenant que l’humour apparaisse dans l’art à notre époque si hantée par les menaces narcissiques dont elle cherche, par tous les moyens, à se défendre. 48L’humour dans l’art contemporain défie l’angoisse d’anéantissement, les valeurs de la société et ses propres idéaux, jusqu’à s’attaquer – ce qui est plus récent – aux fondements mêmes de son existence. 49Mais l’humour possède la capacité de se reprendre pour sortir de l’impasse tout peut être relativisé, récupéré et mis en perspective symbolique. Comme ce tableau de Ben qui nous servira de conclusion Cela ne sert à rien de vous stresser, respirez, souriez, laissez-vous aller, tout est art. » Vers une Nouvelle Santé... Avec l'arrivée de l'Ere Nouvelle l'être humain saisit les Trésors de la Terre et leur utilisation pour le maintien en bonne Santé. S'ils s'adaptent à l'immense Mouvement des Courants Vitaux sacrés, alors les êtres humains retrouveront la Santé. L'Art de la Santé consiste notamment à trouver la Force de Guérison dans toutes les plantes. La Santé Naturelle, ça s'apprend ... Naturellement! Le véritable Art de Guérir ne s'apprend pas. S'installer sur une Hauteur peut aider à retrouver la Santé. Vivre en plein air confère Fraîcheur et Santé. "Fais du bien à Ton corps pour que Ton âme ait le désir d'y demeurer..." - Proverbe Indien - Rechercher Sur L'art De Vivre Sain Recherche Newsletter L'Art de Vivre Sain Découvrez les Lois et les Principes de L'Art de Vivre Naturellement en Bonne Santé! Archives Articles RÉCents Pages De L'art De Vivre Sain Catégories Inscrivez-Vous À La Newsletter Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés. Liens Commentaire général Un travail sérieux, alimenté de recherches assez poussée pour donner des résultats intéressants. Il est cependant dommage que vous n’ayez pas pris toute la mesure des thèses de Marx et Feuerbach. D’autre part, vous auriez pu aussi chercher à montrer ce qui manque à un monde privé du fait religieux, comme suggéré dans la préparation La religion est le soupir de la créature opprimée, la chaleur d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit des conditions sociales d’où l’esprit est exclu. La religion est l’opium du peuple. » il n’est pas très habile, stratégiquement, de commencer par cette position assez complexe, qui critique quelque chose que vous n’avez pas encore défini D’après cette citation de Karl Marx, la religion se présente sous une forme de soulagement pour une société opprimée, mais si cette société ne vivait que dans le bonheur, sans problèmes que deviendrait alors la religion ? Servirait-elle encore à quelque chose ? Qu’est ce donc que la religion et que nous apporte t-elle ? A-t-elle une utilité dans tous les cas ? A quoi sert-elle ? Ces questions pointent vers le problème, sans pour autant réellement le poser. C’est un bon début La religion présente un double aspect, elle est à la fois la piété qui relie les hommes à la divinité, à une croyance, et à la fois une pratique rituelle institutionnalisée. Elle se partage entre foi et institutions. Il y a trois états de religion, le fétichisme, le polythéisme et bien sur le monothéisme, mais chacun de ces états attribuent en quelque chose ou quelqu’un un pouvoir supérieur ou divin. La religion est universelle car il ne semble pas exister une seule société sans une forme de manifestation d’une vie religieuse, un quelconque rite. Toute religion semble délimiter une sphère du sacré et une sphère du profane » comme le note Durkheim dans Les formes élémentaires de la vie religieuse ». Hegel, lui a fait de la religion une manifestation de l’esprit valant pour lui-même à travers des hommes se réunissant autour d’un principe spirituel. La religion nous propose une façon de vivre, de s’exprimer, en se réunissant en communauté ou même seul. Elle montre aux esprits qui le souhaitent les directions à prendre selon ses principes, dans une voie sage et religion est ce que l’esprit humain fabrique en présence de la mort, dans l’idée qu’elle puisse nous atteindre mais pas de finir notre vie, ou d’en commencer une nouvelle dans l’au-delà. Elle est une sorte de mécanisme de défense naturelle contre les problèmes posés par l’intelligence. En quoi le fait de croire en quelque chose de divin et de supérieur peut-il nous servir dans la vie ? Ne faites pas un catalogue d’idées sans ordre et sans développement, sinon vous ne parviendrez jamais à tirer une conclusion valable La religion apparaît sous deux aspects différents comme contrôle social et comme fondement de la morale. On dit qu’il n’y a rien au-delà des problèmes de la stabilité sociale. La religion construit elle-même une justice plus forte que celle des hommes et vient pallié leurs faiblesses. La justice divine n’a pas les défauts de la justice humaine, c’est pourquoi on parle de péchés pardonnés par Dieu lorsqu’ils sont avoués. La religion permet de libérer des choses très douloureuses qu’on ne peut avouer à personne sans craindre une quelconque punition réelle. On se rattache à la religion dans l’idée qu’elle nous offrira une seconde vie dans l’au-delà, car il est difficile de vivre dans l’idée certaine de devoir mourir un jour. On parle de transcendance, de ce qui va au-delà des limites définies par l’existence humaine. Lorsque Marx dit de la religion qu’elle est l’opium du peuple », l’opium étant à cette époque utilisé comme sédatif et antalgique, et de nos jours vus comme une drogue, il ne veut pas dire qu’elle plonge les croyants dans un monde d’hallucinations mais qu’elle les soulagent de leurs souffrances. Elle a un effet tranquillisant, apaisant par rapport à une situation de détresse. Ce soulagement n’est pourtant guère suffisant car il est éphémère et artificiel, en réalité illusoire. Cette illusion provoque une prolongation de la souffrance réelle puisqu’elle ne fait rien pour s’attaquer à ses causes réelles. Par exemple, aux contradictions de la société à son inégalité foncière, le christianisme oppose la vie idéale en communauté où nous serions tous frères. D’après Marx, cette vie idéale n’est pas dépourvue d’efficacités dans le monde réel mais la religion opère un déplacement par rapport à la réalité et à ses souffrances. Et donc ? Quelle est vraiment son utilité ici ? La pensée de Feuerbach fut que la religion était l’essence aliénée de l’homme, que celui-ci projette en dehors de lui, faute de pouvoir vivre dans une humanité pleinement réconciliée. La religion offre une vision utopique de la vie, sans pourtant régler les problèmes qui enlisent la société. Elle sert d’instrument de domination, de raison pour déclencher une guerre, on s’en sert également pour vendre en utilisant des jeux basés sur le hasard, et c’est ainsi que les personnes croyantes croient alors que Dieu les aidera à gagner en leur donnant de la chance. Elle sert malgré tout à la production de l’histoire et véhicule l’épaisseur des échanges sociaux, faite de violence. La religion est présente dans l’art, on parle alors d’art sacré, d’art profane. Pourtant aucune des valeurs dominantes de notre civilisation mondiale n’est dit par exemple les Américains profondément croyants et religieux mais y a-t-il parmi eux un seul banquier, un seul commerçant, fervent chrétien qui accepterait d’être remboursé dans l’au-delà ? Le monde mondialisé est athée. Cela ne signifie pas pour autant que la religion ne sert à rien dans un tel système Il reste tout de même des civilisations vivant au rythme de leur religion, des personnes qui croient en la vie grâce à elle, grâce au soulagement et à l’avenir qu’elle procure pour eux. La religion, sous ses différents aspects, est donc utile pour les personnes qui en ont besoin, les croyants, les personnes seules, qui n’ont que la religion à qui se rattacher, se confier, se libérer. Pour eux, la religion est un soulagement profond, sans pourtant guérir leurs maux. Pour les croyants, la religion les aide à avancer et à avoir un but dans la vie, ne pas se sentir abandonné dans une société de plus en plus compliquée. Pourtant dans le cas où l’on verrait la société sous une vision utopique, alors la religion n’aurait plus cette utilité. Abolir la religion comme bonheur illusoire du peuple, c’est exiger son bonheur réel. » Ne finissez pas sur une citation non commentée, l’effet est désastreux surtout quand le commentaire vous aurait mené vers des développements intéressants et qu’elle dit le contraire du reste du paragraphe Dans la biodiversité, dans cette maison commune chère au pape François, chaque organisme a une place et un rôle. Du plus petit au plus gros des animaux, chacun a une utilité dans la chaîne alimentaire et dans l’évolution de l’environnement. Reste un animal sans lequel le monde n’irait pas vraiment plus mal, se dit-on le de l’été en France, son bzzziiiiiii » nocturne annonce un très mauvais sommeil en perspective. Ailleurs dans le monde, la situation est franchement catastrophique. Plus de 400 000 personnes meurent du paludisme chaque année, après une piqûre de moustique. Vecteurs de tout un tas de maladies, parfois mortelles, les moustiques ne semblent pas avoir d’autres raisons à leur existence…Un maillon de la chaîne alimentairePourtant, le moustique sert un peu à quelque chose. Dans la chaîne alimentaire déjà les larves de moustiques sont mangées par les poissons et les batraciens, et les moustiques adultes le sont par les oiseaux, les chauves-souris, les lézards, etc. Ces animaux pourraient-ils survivre sans moustique ? La réponse n’est pas évidente, mais tous les avis convergent pour dire que leur disparition ne serait pas sans conséquence sur le nombre d’oiseaux et de chiroptères. Les moustiques font partie d’un réseau trophique, c’est-à-dire d’un ensemble d’animaux en lien les avec les autres, explique Jacques Blondel, écologue et directeur de recherche émérite au CNRS. Éradiquer les moustiques n’est pas sans conséquence pour les oiseaux. » Le biologiste critique notamment les mesures de démoustication prises en Camargue par l’EID Méditerranée Entente Interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen, qui aurait fait baisser les populations d’ de son côté, conteste ce résultat et affirme que les oiseaux privilégient plutôt des proies plus grosses que le moustique car à plus grande valeur énergétique, même si ces sales petites bêtes sont effectivement une source de nourriture abondante pour la faune. Notre objectif est uniquement de maintenir la nuisance à un seuil acceptable, et uniquement pour les communes qui nous demandent d’intervenir, pas d’exterminer tous les moustiques », réplique un entomologiste de l’opérateur. Pas question, donc, de supprimer totalement un maillon de la chaîne moustique, un pollinisateurAutre rôle nettement moins connu du moustique la pollinisation. Seule la femelle moustique se gave de sang et uniquement pour le développement des œufs, les moustiques se nourrissent normalement de nectar », détaille Claudio Lazzari, de l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte IRBI de l’université de voilà, les moustiques pollinisent peu par rapport aux abeilles et autres bourdons, et surtout des plantes qui ne sont pas utiles à l’homme, diagnostiquait l’entomologiste américaine Janet McAllister dans une étude publiée en 2010 dans Nature. Les moustiques pollinisent effectivement plutôt des fleurs, des plantes non consommables », reconnaît Claudio juste les moustiques nuisibles pour l’hommeL’insecte suceur de sang a donc bien quelques utilités, même si rien n’affirme qu’elles ne pourraient pas être remplies par d’autres insectes, comme les mites pour la chaîne alimentaire ou les bourdons pour la compter que sur les 3 500 espèces de moustiques qui existent, seules 200 piquent l’homme. Alors pourquoi ne pas supprimer celles-ci ? Nous n’avons pas d’insecticide sélectif pour une seule espèce de moustiques », souligne Jacques Blondel. Il est impossible d’éliminer uniquement certaines espèces sans détruire l’environnement, appuie Claudio Lazzari. Et puis au fond, toutes les espèces sont importantes, même celles qui ne nous sont pas directement utiles. » À méditer lors de la prochaine nuit d’insomnie et de piqûres… La sublimation le cas de Léonard de Vinci La sublimation est une des notions qui ont le plus retenu l'attention en dehorsmême de la psychanalyse parce qu'elle semble susceptible d'éclairer lesactivités dites supérieures », intellectuelles ou artistiques. Pour cette raisonmême, sa définition est incertaine, chez Freud lui-même, parce qu'elle faitappel à des valeurs extérieures à la théorie métapsychologique. Le mot mêmeévoque bien entendu la grande catégorie morale et esthétique du sublime,mais aussi la transformation chimique d'un corps quand il passe de l'état solideà l'état gazeux. Peut-être pouvons-nous en tirer l'idée d'élévation depuis lesbas-fonds sexuels ? de l'âme jusqu'à ses expressions les plus élevées. Lapsychanalyse ferait alors le mouvement inverse de celui que lui assignaitFreud quand il choisissait comme épigraphe à L'interprétation des rêves, levers de Virgile dans l'Énéide Flectere si nequeo superos, Acherontamovebo » Si je ne peux fléchir les dieux d'en haut, j'ébranlerai ceux del'enfer ». Freud va jusqu'à utiliser l'expression paradoxale de libidodésexualisée », éloignée des buts et objets sexuels. Notons cependant quece n'est pas l'instinct sexuel » unifié qui est ainsi sublimé. La sublimation estessentiellement le destin des pulsions partielles, c'est-à-dire celles dontl'issue aurait pu être la perversion ou la névrose. Freud n'a guère précisé ledomaine de la sublimation en dehors des activités scientifiques ou le Malaise dans la civilisation il semble lui rattacher les activités professionnelles quand elles sont librement choisies. D'autre part, il considère comme une forme de sublimation lesformations réactionnelles c'est-à-dire ces barrières élevées contre les pulsions, consolidées pendant la période delatence par l'éducation, mais qui tirent leurs forces de la libido elle-même. Ainsi se forment les traits de caractère Ainsi l'entêtement, l'économie, le goût de l'ordre découlent-ils de l'utilisation de l'érotisme anal. L'orgueil estdéterminé par une forte disposition à l'érotisme urinaire » Trois essais, p. 190. Le processus de la sublimation nenous propose pas seulement une esquisse de caractérologie, mais plus généralement encore de la vie éthique C'est ainsi que la prédisposition perverse générale d e l'enfance peut être considérée comme la source d'un certain'nombre de nos vertus dans la mesure où, par formation réactionnelle, elle donne le branle à leur élaboration »ibid.,p. 190.Cependant le texte principal sur la sublimation reste Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci 1910. Le souvenirest le suivant Je semble avoir été destiné à m'occuper tout spécialement du vautour, écrit Léonard, car un despremiers souvenir d'enfance est qu'étant au berceau, un vautour vint à moi, m'ouvrit la bouche avec sa queue etplusieurs fois me frappa avec sa queue entre les lèvres ». Bien entendu ce récit peut n'avoir aucune objectivité etêtre une reconstruction. Or Freud ne dispose que d'un matériel fort réduit pour interpréter cet unique souvenird'enfance quelques éléments biographiques peu sûrs, des textes et des dessins des fameux Carnets et enfinsurtout l'oeuvre artistique. En fait Freud s'appuie sur la symbolique dégagée par l'expérience psychanalytique et surla symbolique des légendes et des mythes en particulier de l'Égypte ancienne concernant le vautour. D'emblée ilcompare le souvenir au moins en partie reconstruit, avec la préhistoire fabuleuse que s'attribuent les peuples. Ilretrouve dans le souvenir d'enfance de Léonard, la théorie sexuelle infantile de la mère phallique que l'expériencepsychanalytique met en rapport avec une relation érotique intense à la mère et avec un type d'homosexualitévraisemblable chez le peintre, même si elle n'est restée que platonique. Freud cite alors le fameux sourireénigmatique des figures féminines ou masculines dans les tableaux de Léonard, et même il reprend à son compte la découverte » de son disciple O. Pfister qui voyait le contour d'un vautour, symbole de la maternité, dansl'enroulement compliqué du manteau de Marie penchée sur l'enfant Jésus, telle qu'elle est représentée dansl'admirable sainte Anne du cette partie de l'interprétation freudienne a été vivement contestée la documentation historique estincomplète et surtout l'oiseau du souvenir n'est pas un vautour Freud a été trompé par la traduction mais un milan; dès lors le rapprochement avec le symbolisme égyptien du vautour n'est plus tenable et il ne peut plus êtrequestion d'en retrouver l'image dans la sainte Anne du Louvre. Plutôt que de s'attarder sur la discussion d'un casindividuel, dans des conditions telles que l'interprétation ne peut qu'être hautement hypothétique, il est plusimportant de suivre le processus de la sublimation, quelle que soit la valeur historique de l'exemple. Ce que Freudcherche à expliquer par l'analyse du fantasme d'enfance de l'oiseau milan ou vautour est la conjonctionexceptionnelle chez Léonard du refoulement et des inhibitions sexuelles d'une part et d'autre part d'uneextraordinaire capacité de sublimation. Dès la première enfance, les pulsions de voir, de savoir se manifestent avecforce dans l'investigation sexuelle. Une autre personne que Léonard n'aurait sans doute pas réussi à soustraire laplus grande partie de ses pulsions sexuelles au refoulement par la sublimation en soif de savoir. Il aurait pu enrésulter soit un dépérissement du travail intellectuel soit une névrose de type obsessionnel dont quelques traits seretrouvent d'ailleurs dans la biographie de Léonard. Il semble que, dans son cas, la curiosité sexuelle infantileprédominante se sublima en productions scientifiques et artistiques, cependant qu'une faible part de la libido resteorientée vers un but sexuel, et encore, par suite de la fixation à la mère, sous une forme reconnaît les limites d'une telle biographie psychanalytique. Il se défend de vouloir expliquer le génie par lapsychopathologie. Au XIXe siècle une certaine exaltation romantique conduisit à expliquer la supériorité du grandhomme par le trouble mental et des psychiatres en ont fait la théorie. Mais penser que tous les génies sont fousn'est pas même rassurant pour la médiocrité de l'homme ordinaire, car la réciproque n'est sûrement pas vraie !Récemment encore des tonnes de papier ont été consacrées aux aspects les plus pathétiques de la vie de VincentVan Gogh, sans rien nous apprendre sur son art. Selon une formule rapide mais juste, Van Gogh n'a pas peint deschefs d'oeuvre parce qu'il était fou mais contre sa folie. Depuis Freud, de nombreuses biographies d'écrivains,. »

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