Lesprotagonistes sont des personnages paumés ou rejetés par les leurs dont le principal soucis est de profiter de la vie à tous prix. Pour cela, ils vont découvrir plus ou moins volontairement la musique et former un groupe joyeux qui les amènera à Odessa. A travers leurs péripéties, les personnages principaux se révèleront très attachants malgré le fait qu’ils n’ont rien en Alire sur AlloCiné : Alors que Mirta Torres est au cœur des intrigues de "Plus belle la vie", testez vos connaissances sur l'un des personnages phare du feuilleton quotidien de France 3. Seemore of Amis .malgrés. la .distance on Facebook. Log In. or Labonne bouffe L'amour Le sexeLe fait que je puisse goûter à tout ça me rend assez heureux de vivre ! - Topic Les raisons qui font que la vie est belle malgré tout du 02-08-2020 03:40:54 sur Cassiandor La Cité Enchantée – Révélations. Noté 5.00 sur 5 basé sur 21 notations client. ( 21 avis client) € 13,00. Livraison à 1,50 € seulement et offerte pour deux livres achetés. Téora n’a jamais connu ses parents. Elevée par leur plus vieil ami, à l’orée de la forêt de Niedelstein, Sylfried est tout pour elle. Lavie est belle malgré tout, nous sommes là pour vous changer les idées Notre truie Suzie a eu 10 petits ce matin !! Ça va bien aller Mesamis, la vie est belle, Malgré les peines qui nous enchaînent. Âme claires, voix légères, Sans un sou au fond de l’escarcelle, Chantons au soleil qui ruisselle, La vie est belle, belle toujours ! UNtHHe6. On naît dans la douleur, on vit une enfance parquée, l’adolescence est une crise, l’adulte travaille pour vivre, la vieillesse est une dégénérescence, et il faut de surcroît se taper des maladies, des accidents et drames divers -sans compter le pire des maux l’homme lui-même, cruel, se dévalorisant, se faisant la guerre... tout cela en vaut-il bien la peine ? Sisyphe, vous connaissez ? Un pauvre type, condamné à pousser un rocher en haut d’une montagne. Il n’en a jamais fini à peine arrivé au sommet, le rocher dévale la pente. Sisyphe redescend, et recommence encore et toujours à pousser son rocher. C’est absurde. Camus se sert de cette image tragique pour illustrer l’effort vain Sisyphe est tout à fait lucide, il a conscience de l’absurdité de son acte, il n’espère même pas qu’il en finira un jour, mais il continue vaille que vaille à accomplir sa corvée comme pour vaincre son destin, être plus fort que son rocher. Le mythe est beau, et rappelle quelque chose à chacun qui ne porte son fardeau, en haut de quelque montagne, vainement ? Avoir affaire au sens de la vie même -ou plutôt à son non-sens, c’est enfin penser aux choses sérieuses comme le dit Camus, “il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux c’est le suicide.” Un débat sur ce sujet peut s’achever en suicide collectif, mais nous ne risquons pas de parler chiffons. S’il est un sujet existentiel, c’est bien celui-là à quoi bon mener sa vie ? Il n’y a pas de raison pour que j’existe, pour que quelque chose existe plutôt que rien. Ce constat laisse perplexe on est habitué à ce que les systèmes philosophiques justifient notre existence. Mais dès l’abord les voici rejetés en bloc aucune nécessité ne répond de mon existence. Je n’ai aucune raison de la porter. Nous éprouvons l’absurdité de l’existence si nous adoptons la lucidité de Sisyphe en regardant le monde nous n’y trouvons pas notre place. Normal il n’est pas fait pour nous. Il est le résultat de processus où nous n’avons rien à faire. Le monde ne nous est pas donné pour que nous y fassions quelque chose, il est tout simplement absurde. Pourrait-on affirmer que la vie n’a de sens que celui que nous inventons, ce qui ferait de nous des Hommes libres, portant le monde, donnant sens au monde ? Serions-nous tous des titans affrontant l’absurdité du monde comme Sisyphe, et portant nos inutiles existences dans un effort tout aussi héroïque que vain ? Même pas n’est pas héros qui veut. Sisyphe fait preuve d’un courage qui nous manque. Il pousse constamment son rocher, tandis que notre société nous propose de la légèreté, des loisirs -des passe-temps. Face à l’absurdité de l’existence, deux solutions s’ébauchent dès l’abord se suicider ou se réfugier dans l’inconscience. Ceux qui restent vivants ont choisi la seconde solution. Eh quoi ! Ne sommes-nous pas de bons civilisés méritant une vie confortable ? Et qu’y-a-t-il de plus inconfortable que la conscience de l’absurde ? La conscience même est nuisible, elle empêche de vivre sans soucis dans l’innocence ! À quoi servirait d’être pleinement et constamment conscient ? Que vaut la raison, inefficace quand la vie même n’a pas de sens ? C’est lourdingue de toujours chercher à avoir raison quand le monde ne répond pas à nos appels face à son silence, nous aspirons au répit. Plutôt se bercer d’illusions nécessaires ou de certitudes illusoires, donnant de l’élan, que de s’alourdir de ce poids-lourd. La tentation est grande et le raisonnement commode puisque la conscience rend le monde insupportable, il paraît urgent de s’en débarrasser. De toute façon la lucidité ne sert à rien, la conscience est incompétente. Si tout est déterminé dans ce monde, nous n’en sommes qu’un rouage incapable de s’en faire une représentation cohérente. On ne s’assoit pas devant le monde pour se demander ce qu’on va en faire on en fait partie, on en dépend comme toutes ses autres parties. Nous voilà ramenés au rang de toute chose, existant sans raison qui lui soit propre. Autant ne pas s’accrocher à la raison. Quelques fous prétendent se faire les maîtres et possesseurs du monde. Mais le monde nous mène plus que nous le menons, sans que cela ait de sens, ni pour nous, ni pour lui. Notre élan vital lui-même nous a été donné sans que nous y soyons pour rien, comme à tout être vivant pour reprendre le mot de Camus, “nous prenons l’habitude de vivre avant même de prendre celle de penser.” Envisager la vie avec distance est dès lors impossible je ne suis pas la vie, ni même celui qui la pense. Je suis contenu dans la vie, modelé par elle, jusqu’aux enchevêtrements de ma pensée; je n’en suis qu’un épiphénomène. Si la vie a un sens, il n’appartient pas à l’Homme. Les condamnés, ces chanceux, devraient se réjouir de quitter bientôt ce monde insensé. Ceux-là mêmes qui jusqu’alors ne faisaient que supporter leurs existences s’accrochent pourtant à la vie, lui trouvent un sens ! La guérison inespérée du cancéreux semble désinhiber son envie de vivre. Voila soudain sa vie pimentée ! Il s’investit joyeusement, il y croit. Et exulte “je n’ai aucune raison de vivre, mais j’ai raison de vivre”. Bizarre, non ? Faut-il souffrir, frôler la mort, ou passer par “une bonne dépression” pour enfin croquer la vie à pleines dents ? Aurions nous besoin d’accidents pour nous conduire nous-mêmes avec vigilance ? Si c’est le cas, bien sympathiques ceux qui nous souhaitent encore “une bonne guerre”, un coup du sort duquel on ne se relève si on s’en relève que déterminé à saisir âprement les moindres saveurs qui rendent la vie “vivable” ! Longtemps “ceux qui en sont revenus” gardent un éclair dans les yeux, l’enthousiasme des désespérés auxquels l’espoir aurait été rendu comme en cadeau. D’abord ils se satisfont plus facilement du peu de valeur des choses, encore heureux de pouvoir les savourer. Puis, hélas, leur élan retombe peu à peu faute d’être constamment stimulé, et se dilue dans le temps. Bientôt ils se remettent à considérer le monde comme s’il n’était pas le leur. Plus dure sera la chute... Trois attitudes s’ensuivent donc pour ceux qui prennent conscience de l’absurdité de la vie la déception, l’entrain du menacé profitant de ce qui lui reste à vivre, puis enfin la “fatale retombée” dans le vide et le vain. Serions-nous condamnés à croire, à suivre quelque sens illusoire, puis à baisser les bras, puis à les retendre, irrésolus et inconstants, comme des girouettes malmenées par les vents ? Pourquoi s’acharner ? Nous sommes manifestement incapables de nager à contre-courant. Le plus endormi des vivants s’éveille soudain s’il tombe dans un gouffre il voit sa propre fin se précipiter vers lui. Alors il ne s’ennuie plus, ne se demande plus misérablement “quoi faire et au nom de quoi”, mais rassemble ses forces voilà qu’il veut vivre. Il ne veut pas s’écraser comme une simple masse. Il fait donc tout pour ne pas s’aplatir arrivé au fond du gouffre, au lieu de s’y étaler lamentablement, il se tend de toutes ses forces, et rebondit, remonte à une hauteur appréciable, souffle un peu, apprécie la hauteur atteinte, s’y complaît... Là s’arrête l’ascension il faut bien souffler, lâcher la pression -je n’ose dire déprimer. Alors notre rescapé reste en suspend, voire plane un peu... et bientôt retombe, prisonnier de l’attraction des masses. À moins de s’accrocher, pour encore s’efforcer de grimper la falaise de l’existence, si lourd que soit le rocher à transporter, plutôt qu’encore une fois se sentir aspiré par le vide. Au meilleur des cas, le survivant moderne est un Sisyphe gravissant incessamment une montagne sans sommet ! Qu’il faut de courage pour vivre sans jamais se laisser vivre ! C’est révoltant ? Tant mieux là est le salut. Voyez Camus dès dix-sept ans, ce pauvre type avait la tuberculose. On n’en guérissait guère à l’époque. Le voilà condamné, sans avoir rien fait de sa vie. Et rien à en faire ne croyant ni en Dieu ni en aucun système philosophique justifiant son existence, il ressentait déjà le sentiment de l’absurdité de sa vie. Sa chance fut la guerre. Eh oui en devenant résistant, il donna à sa vie une orientation qui lui permit de surmonter ce malaise sans jamais cesser de l’éprouver. Je crois que l’exécution de Gabriel Péri le stimula, provoqua son engagement Camus ne voyait aucune raison de vivre, mais n’accepta pas que cet homme digne de vivre ait été effacé. Le sentiment de l’injustice réveilla son énergie vitale en s’engageant à risquer sa vie pour la liberté, il lui donna un sens, la justifia, et ainsi trouva même la joie d’exister. Comme quoi on a raison de se révolter, et même on en a besoin c’est donner à la vie un sens que la mort ne puisse lui ravir. La révolte justifie l’existence. Et, ça tombe bien, rien n’est plus intolérable que l’absurde ! Citations “Vivre sous ce ciel étouffant commande qu’on en sorte ou qu’on y reste. Il s’agit de savoir comment on en sort dans le premier cas, et pourquoi on y reste dans le second. Je définis ainsi le problème du suicide et l’intérêt qu’on peut porter aux conclusions de la philosophie existentielle.”“Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie.”“Mon raisonnement veut être fidèle à l’évidence qui l’a éveillé. Cette évidence, c’est l’absurde. C’est ce divorce entre l’esprit qui désire et le monde qui déçoit.”“Le bonheur et l’absurde sont deux fils de la même terre”.“Il n’y a pas de soleil sans ombre, et il faut connaître la nuit.” “La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.”CAMUS. Le mythe de Sisyphe “Je me révolte, donc nous sommes.”CAMUS. L'Homme révolté “Si je n’essayais pas de reprendre mon existence à mon compte, ça me semblerait tellement absurde d’exister.”SARTRE, Les Chemins de la liberté. I. L’âge de raison. Chap. 1 “Vivre, ce n’est pas respirer, c’est agir; c’est faire usage de nos organes, de nos sens, de nos facultés, de toutes les parties de nous-mêmes, qui nous donnent le sentiment de notre existence. L’homme qui a le plus vécu n’est pas celui qui a compté le plus d’années, mais celui qui a le plus senti la vie.”ROUSSEAU Emile, livre I. “Notre art est de savoir faire de notre maladie un charme.”RENAN “il n’y a pas de bonheur intelligent.”Jean ROSTAND, Pensée d’un biologiste. “L’utilité de la vie, le but suprême en vue duquel nous sommes de ce monde, je ne puis le comprendre. Mais accomplir sa volonté telle qu’elle est écrite dans mon cœur, cela est dans ma puissance et je sais que je le dois.”TOLSTOÏ, Résurrection. “L’oubli, condition d’existence.”GUSDORF, Mémoire et personne. “Les paradis sont tous artificiels”ARAGON “Les vérités sont des illusions dont on a oublié qu’elles le sont.”La vie est la condition de la connaissance. L’erreur est la condition de la vie.”NIETZSCHE. La volonté de puissance. II Bouquins ARISTOTE Éthique à Nicomaque, X, 7 L’homme libre ne veut pas simplement vivre, mais vivre bien. C’est donc le sujet du verbe “vivre” qui en précise le sens. KANT Fondements de la métaphysique des mœurs Gallimard, Pléiade t. 3, le suicide n’est pas naturel, on ne peut que vouloir contribuer au bien de l’humanité ! NABERT Essai sur le mal l’existence est injustifiée, ce qui est injustifiable et pas seulement inexplicable. Nous sommes, mais nous ne devrions pas être ! CAMUS L’homme révolté. Se révolte contre l’absurdité raison suffisante pour qu’il choisisse d’y mettre de l’ordre. Attitude héroïque. COMTE-SPONVILLE Traité du désespoir et de la béatitude. Ce titre dit tout l’important est de désespérer.. Liens internes Soin qualité de vie et bonheur Réussir sa vie La souffrance comme moteur de la vie Le progrès Il n'y a pas d'humour heureux Une vie de chien Le bonheur Plus d'infos "La vie est belle malgré tout" disait la mère de Seth à son fils. C'est le titre de cette autobiographie désabusée, par un auteur nostalgique, né à la mauvaise époque et que la modernité désespère. Ayant découvert Kalo, un dessinateur des années 1950 dont le trait ressemble étrangement au sien, Seth part à sa recherche et ne découvre que 11 dessins de l'artiste... Février 2016 Ce texte est un extrait du livre Endgame écrit par Derrick Jensen associé, pour les paragraphes du début, à son article intitulé Au-delà de l’espoir », publié sur Orion. L’espoir est le véritable tueur. L’espoir est nuisible. L’espoir nous permet de rester immobiles dans un radeau en perdition au lieu d’agir et d’affronter le problème. Oubliez l’espoir. Analyser sincèrement et honnêtement la situation comme elle se présente est notre unique chance. Au lieu d’attendre, en espérant » que l’on s’en sorte, peut-être devrions-nous admettre que prendre la pleine mesure de la situation, aussi déplaisante soit-elle, est positif puisque c’est la première marche vers le changement véritable. » Gringo Stars L’espoir est la laisse de la soumission. » Raoul Vaneigem Le remède au désespoir n’est pas l’espoir. C’est la découverte de ce que nous voulons faire pour ce qui nous importe. » Margaret Wheatley Les mots que j’entends le plus souvent de la part des écologistes du monde entier sont Nous sommes foutus ». La plupart de ces écologistes luttent désespérément, à l’aide des outils dont ils disposent — ou plutôt, des outils légaux dont ils disposent, donc des outils que ceux au pouvoir leur fournissent, et donc d’outils qui, ultimement, seront inefficaces — pour tenter de protéger quelque parcelle de terre, pour tenter de stopper la fabrique et la propagation de poisons, pour tenter d’empêcher les humains civilisés de tourmenter des plantes ou des animaux. Parfois, ils en sont réduits à protéger un seul arbre. Voici comment John Osborn, un activiste extraordinaire et un ami, résume ses motivations Tandis que nous nous enfonçons dans le chaos, je veux m’assurer que quelques portes restent ouvertes. Si les grizzlys sont encore là dans 20, 30 et 40 ans, ils le seront peut-être encore dans 50. S’ils sont éteints dans 20 ans, ils le seront pour toujours. » Mais peu importe ce que font les écologistes, nos meilleurs efforts sont insuffisants. Nous perdons lourdement, sur tous les fronts. Ceux au pouvoir tiennent dur comme fer à détruire la planète, et la plupart des gens n’en ont que faire. Honnêtement, je n’ai pas grand espoir. Mais je pense que c’est une bonne chose. L’espoir nous maintient enchaînés au système, au conglomérat d’individus, d’idées et d’idéaux qui détruit la planète. Pour commencer, il y a ce faux espoir selon lequel soudainement, de quelque façon, le système va inexplicablement changer. Ou celui selon lequel la technologie va nous sauver. Ou la déesse mère. Ou des créatures d’Alpha du Centaure. Ou Jésus Christ. Ou le père Noël. Tous ces faux espoirs mènent à l’inaction, ou au moins à l’inefficacité. Une des raisons pour lesquelles ma mère restait avec mon père, qui la violentait, était le fait qu’il n’y avait pas de foyers pour femmes battues dans les années 50 et 60 ; une autre raison était l’espoir qu’elle avait de le voir changer. Les faux espoirs nous enchaînent à des situations invivables, et nous empêchent de voir les possibilités réelles. Qui croit vraiment que Weyerhaeuser va arrêter de déforester parce qu’on lui demande gentiment ? Qui croit vraiment que Monsanto va arrêter de Monsanter parce qu’on lui demande gentiment ? Si seulement nous avions un démocrate à la Maison-Blanche, tout irait bien. Si seulement nous faisions passer telle ou telle loi, tout irait bien. Si seulement nous parvenions à faire retirer telle ou telle loi, tout irait bien. Non-sens. Les choses n’iraient pas bien. Elles ne vont déjà pas, et elles empirent. Rapidement. Ce n’est pas simplement le faux espoir qui enchaîne ceux qui vont en son sens. C’est l’espoir lui-même. L’espoir, nous dit-on, est notre phare dans la nuit. Notre lumière à la fin d’un long et sombre tunnel. Le rayon de lumière, qui, contre toute attente, parvient à pénétrer jusque dans nos cellules. Notre raison de persévérer, notre protection contre le désespoir qui doit à tout prix, et donc à celui de notre santé et de celle du monde, être évité. Comment continuer si nous n’avons pas d’espoir? On nous a tous enseigné que l’espoir d’une condition future meilleure — comme l’espoir d’un paradis futur — est et doit être notre refuge dans la peine présente. Je suis sûr que vous vous souvenez de l’histoire de Pandore. On lui remit une boîte fermement scellée et on lui dit de ne jamais l’ouvrir. Mais, curieuse, elle l’ouvrit, et en sortirent les fléaux, les peines et les calamités, probablement pas dans cet ordre. Elle referma la boîte, trop tard. Une seule chose y était restée l’espoir. L’espoir, selon la légende, était le seul bien que contenait le coffret parmi tous les maux, et reste à ce jour le seul réconfort de l’humanité en cas de malheur ». Aucune mention ici de l’action comme réconfort en cas de malheur, ou de réellement faire quelque chose pour apaiser ou éliminer l’infortune. Fortune du latin fortuna, apparenté au latin fort-, fors, hasard, chance ce qui implique bien sûr que l’infortune que l’espoir est censé réconforter n’est que malchance, et non pas dépendante de circonstances que l’on puisse changer dans le cas présent, je ne vois pas le rapport entre la malchance et les misérables choix que l’on fait chaque jour et qui permettent à la civilisation de continuer à détruire la Terre. Plus je comprends l’espoir, plus je réalise que loin d’être un réconfort, celui-ci méritait largement sa place dans la boîte aux côtés de tous les fléaux, peines et calamités ; qu’il sert les besoins de ceux au pouvoir aussi sûrement qu’une croyance en un distant paradis ; que l’espoir n’est vraiment rien de plus qu’une variante séculière de la mystification mentale paradis/nirvana. L’espoir est, en réalité, une malédiction, un fléau. Non seulement en raison de l’admirable dicton bouddhiste, l’espoir et la peur se poursuivent l’un l’autre » — sans l’espoir il n’y a pas la peur — et non seulement parce que l’espoir nous éloigne du présent, de qui et de là où nous sommes en ce moment et nous fait miroiter un état imaginaire futur ; mais surtout en raison de ce qu’est l’espoir. Nous braillons plus ou moins tous et plus ou moins continuellement à propos de l’espoir. Vous ne croiriez pas — ou peut-être le croiriez-vous — combien d’éditeurs pour combien de magazines m’ont dit qu’ils voulaient que j’écrive sur l’apocalypse, en me demandant ensuite de faire en sorte de laisser aux lecteurs un soupçon d’espoir ». Mais, qu’est-ce que l’espoir, précisément ? Lors d’une conférence, au printemps dernier, quelqu’un m’a demandé de le définir. Je n’ai pas pu, et ai donc retourné la question à l’audience. Voici la définition qui a alors émergé l’espoir est une aspiration en une condition future sur laquelle vous n’avez aucune influence. Cela signifie que vous êtes essentiellement impuissant. Pensez-y. Je ne vais pas, par exemple, dire que j’espère manger quelque chose demain. Je vais le faire. Je n’espère pas prendre une nouvelle respiration maintenant, ni finir d’écrire cette phrase. Je le fais. D’un autre côté, j’espère que la prochaine fois que je prendrais l’avion, il ne se crashera pas. Placer de l’espoir en une finalité signifie que vous n’avez aucune influence la concernant. Tant de gens disent qu’ils espèrent que la culture dominante cesse de détruire le monde. En disant cela, ils garantissent sa continuation, au moins à court-terme, et lui prêtent un pouvoir qu’elle n’a pas. Ils s’écartent aussi de leur propre pouvoir. Je n’espère pas que le saumon coho survive. Je ferai ce qu’il faut pour éviter que la culture dominante ne les extermine. Si les coho souhaitent partir en raison de la façon dont ils sont traités — et qui pourrait leur en vouloir ? — je leur dirai au revoir, et ils me manqueront, mais s’ils ne souhaitent pas partir, je ne permettrai pas à la civilisation de les exterminer. J’agirai quoi qu’il en coûte. Je n’espère pas que la civilisation s’effondre le plus tôt possible. Je ferai ce qu’il faut pour que cela arrive. Lorsque nous réalisons le niveau d’influence que nous avons en vérité, nous n’avons plus du tout à espérer ». Nous avons juste à agir. A faire en sorte que les saumons survivent. A faire en sorte que les chiens de prairie survivent. A faire en sorte que les tigres survivent. A faire le nécessaire. Casey Maddox a écrit que lorsque la philosophie meurt, l’action débute. J’ajouterais que lorsque nous cessons d’espérer une assistance extérieure, lorsque nous cessons d’espérer que l’horrible situation dans laquelle nous sommes se résolve d’elle-même, lorsque nous cessons d’espérer que d’une façon ou d’une autre la situation n’empire pas, alors nous sommes enfin libres — vraiment libres — de commencer à réellement la résoudre. Je dirais que lorsque l’espoir meurt, l’action commence. L’espoir peut être bon — et adaptable — pour les prisonniers, mais les hommes et les femmes libres n’en ont que faire. Êtes-vous un prisonnier, ou êtes-vous libre ? Les gens me demandent parfois, si les choses sont si terribles, pourquoi ne te suicides-tu pas ? » La réponse est que la vie est vraiment, vraiment belle. Je suis un être assez complexe pour comprendre en mon cœur que nous sommes vraiment, vraiment foutus, et en même temps que la vie est vraiment, vraiment belle. Pas parce que nous sommes foutus, évidemment, ni en raison des choses qui font que nous le sommes, mais en dépit de tout ça. Nous sommes foutus. La vie est toujours belle. Nous sommes vraiment foutus. La vie est toujours vraiment belle. Beaucoup de gens ont peur de ressentir du désespoir. Ils craignent qu’en s’autorisant à percevoir le désespoir de notre situation, ils devront alors être constamment malheureux. Ils oublient qu’il est possible de ressentir plusieurs choses en même temps. Je suis plein de rage, de peine, de joie, d’amour, de haine, de désespoir, de bonheur, de satisfaction, d’insatisfaction, et d’un millier d’autres sentiments. Ils oublient aussi que le désespoir est une réponse tout à fait appropriée pour une situation désespérée. Beaucoup de gens ont aussi probablement peur qu’en s’autorisant à percevoir à quel point les choses sont désespérées, ils seront peut-être alors forcés de faire quelque chose pour changer leurs circonstances. Désespoir ou pas, la vie est belle. L’autre jour j’étais allongé au bord de l’étang devant chez moi, je regardais à travers les aiguilles de séquoia rendues translucides par le soleil. J’étais heureux, et je pensais, que demander de plus ? ». La vie est si belle. Raison de plus pour se battre. Une autre question qu’on me pose parfois, si les choses sont si terribles, pourquoi ne pas faire la teuf ? » Eh bien, la première réponse c’est que je n’apprécie pas vraiment les teufs. La seconde c’est que je m’amuse déjà beaucoup. J’aime ma vie. J’aime la vie. C’est vrai pour la plupart des activistes que je connais. Nous faisons ce que nous aimons, en nous battant pour qui, et pour ce que, nous aimons. Je n’ai aucune patience envers ceux d’entre nous qui utilisent le désespoir de la situation pour excuser leur inaction. J’ai remarqué que si vous privez la plupart de ces gens de cette excuse particulière ils en trouvent alors une autre, et encore une autre, et puis une autre. L’utilisation de cette excuse pour justifier leur inaction — l’utilisation de n’importe quelle excuse pour justifier l’inaction — révèle ni plus ni moins qu’une incapacité à aimer. Lors d’une de mes dernières conférences quelqu’un s’est levé lors des questions/réponses et a proclamé que la seule raison pour laquelle les gens deviennent des activistes c’est pour se sentir mieux eux-mêmes. Que l’efficacité ne comptait pas, a-t-il dit, et que c’était égotique de penser qu’elle comptait. Il a aussi sorti l’excuse classique comme quoi le monde naturel n’avait pas besoin de notre aide. Au moins avait-il reconnu que le monde réel existait, et n’était pas que le battement de cil d’un dieu quelconque, mais il en résultait un narcissisme tout aussi ancien. Je lui ai répondu que je n’étais pas d’accord. Il m’a demandé, l’activisme ne te permet-il pas te sentir bien ? » Bien sûr que si, mais ce n’est pas la raison pour laquelle j’en suis. Si je voulais simplement me sentir bien, je me masturberais. Mais je veux accomplir quelque chose dans le monde réel. » Pourquoi ? » Parce que je suis amoureux. Des saumons, des arbres devant ma fenêtre, des bébés lamproies qui vivent dans les fonds sablonneux, des petites salamandres qui rampent dans la couche d’humus. Et si vous aimez, vous agissez pour défendre votre bien-aimé. Bien sûr que les résultats importent, mais ils ne déterminent pas si l’on agit ou pas. On n’espère pas simplement que nos bien-aimés survivent et prospèrent. On fait ce qu’il faut pour. Si mon amour ne me pousse pas à protéger ceux que j’aime, ce n’est pas de l’amour. Et si je n’agis pas pour protéger ma Terre, je ne suis pas vraiment humain. » Il y a quelque temps, j’ai reçu un e-mail d’un habitant de Spokane, dans l’état de Washington. Il me disait que son fils de 15 ans était merveilleusement actif dans la lutte écologique et sociale, mais il continuait ainsi je voudrais m’assurer qu’il reste actif, donc je ressens le besoin de lui donner de l’espoir. C’est problématique, parce que je ne ressens aucun espoir moi-même, et je ne veux pas lui mentir. » Je lui ai dit de ne pas mentir, et que s’il voulait faire en sorte que son fils reste actif, il ne devrait pas essayer de lui donner de l’espoir, mais à la place, lui donner de l’amour. Si son fils apprend comment aimer, il restera actif. Une chose merveilleuse se produit lorsque vous abandonnez l’espoir, et vous fait prendre conscience que vous n’en aviez jamais eu besoin pour commencer. Vous réalisez qu’abandonner l’espoir ne vous a pas tué, ni ne vous a rendu moins efficace. En réalité, ça vous a rendu plus efficace, parce que vous cessez de dépendre de quelqu’un ou de quelque chose pour résoudre vos problèmes — vous cessez d’espérer que vos problèmes se résolvent miraculeusement, à travers l’aide magique de Dieu, de la déesse Mère, du Sierra Club, des vaillants occupeurs d’arbres [Tree-sitters, ceux qui grimpent dans les arbres afin d’empêcher leur abatage, NdT], des braves saumons, ou de la Terre elle-même — et vous commencez à faire le nécessaire pour résoudre vous-mêmes vos problèmes. A cause de la civilisation industrielle, les taux de spermatozoïdes humains ont été divisés par deux sur les 50 dernières années. Sur la même période, les filles ont commencé la puberté de plus en plus tôt 1% des filles de 3 ans ont commencé à développer de la poitrine ou des poils pubiens, et dans les 6 dernières années à peine, le pourcentage de filles de moins de 8 ans aux poitrines gonflées et aux poils pubiens est passé d’1 à 6,7% pour les filles blanches, et à 27,2% pour les filles noires. Qu’allez-vous y faire ? Allez-vous espérer que ce problème disparaisse d’une façon ou d’une autre ? Allez-vous espérer que quelqu’un le résolve par magie ? Allez-vous espérer que quelqu’un — quiconque — stoppe l’industrie chimique qui nous tue tous ? Où allez-vous faire quelque chose ? Lorsque vous abandonnez l’espoir, quelque chose d’encore mieux que le fait de ne pas mourir se produit, c’est que cela vous tue. Vous mourez. Et ce qu’il y a de merveilleux avec la mort, c’est qu’une fois mort ils — ceux au pouvoir — ne peuvent plus vous toucher. Pas au travers de leurs promesses, de leurs menaces, ni même au travers de leur violence elle-même. Une fois mort de cette façon, vous pouvez toujours chanter, vous pouvez toujours danser, vous pouvez toujours faire l’amour, vous pouvez toujours vous battre comme un diable — vous pouvez toujours vivre parce que vous êtes toujours en vie, d’ailleurs plus que jamais auparavant — mais ceux au pouvoir n’ont plus prise sur vous. Vous réalisez alors que lorsque l’espoir est mort, le vous qui est mort avec l’espoir n’était pas vous, mais était le vous dépendant de ceux qui vous exploitent, le vous qui croyait que ceux qui exploitent s’arrêteraient d’eux-mêmes d’une façon ou d’une autre, le vous qui dépendait et croyait en ces mythologies propagées par ceux qui vous exploitent afin de faciliter leur exploitation. Le vous socialement construit. Le vous civilisé. Le vous fabriqué, produit, estampillé, façonné, est mort. La victime est morte. Et qui reste-t-il une fois ce vous mort ? Il reste vous. Le vous animal. Le vous nu. Le vous vulnérable et invulnérable. Le vous mortel. Le vous survivant. Le vous qui pense non pas ce que cette culture vous a enseigné à penser, mais qui pense par lui-même. Le vous qui ressent non pas ce que cette culture vous a appris à ressentir, mais ce qu’il ressent par lui-même. Le vous qui n’est pas ce que cette culture vous a appris à être, mais qui est celui que vous êtes. Le vous qui peut dire oui, le vous qui peut dire non. Le vous qui fait partie de la Terre où vous vivez. Le vous qui va se battre ou pas pour défendre sa famille. Le vous qui combattra ou pas pour défendre ceux que vous aimez. Le vous qui va se battre ou pas pour défendre la Terre dont dépend votre vie et celles de ceux que vous aimez. Le vous dont la morale ne dépend pas de ce que cette culture — qui détruit la planète, qui vous détruit — enseigne, mais dépend de vos propres sentiments animaliers d’amour et de connexion à votre famille, vos amis, votre Terre. Pas de votre famille en tant qu’êtres civilisés auto-identifiés mais en tant qu’animaux ayant besoin d’une Terre pour vivre, d’animaux qui sont tués par les produits chimiques, d’animaux ayant été formés et déformés pour correspondre aux besoins de cette culture. Lorsque vous abandonnez l’espoir — lorsque vous mourez de cette façon, et êtes ainsi réellement en vie — vous vous rendez invulnérable à la cooptation de rationalité et de peur que les Nazis ont fait subir aux juifs et à d’autres, que les abuseurs font subir à leurs victimes, que la culture dominante nous fait subir à tous. Où peut-être faudrait-il dire que les exploiteurs élaborent des circonstances physiques, sociales, et émotionnelles telles que les victimes se perçoivent comme n’ayant d’autre choix que de s’infliger eux-mêmes cette cooptation. Mais lorsque vous abandonnez l’espoir, cette relation exploiteur/victime est brisée. Vous devenez comme ces juifs ayant participé au soulèvement du ghetto de Varsovie. Lorsque vous abandonnez l’espoir, vous perdez beaucoup de peur. Et lorsque vous arrêtez de vous reposer sur l’espoir, et commencez à la place à protéger ceux que vous aimez, vous devenez dangereux pour ceux au pouvoir. Et au cas où vous vous poseriez la question, c’est une très bonne chose. Je ne souhaite pas particulièrement mourir. J’aime vivre, et j’aime ma vie. Mais je vais vous raconter quelque chose qui m’a aidé à perdre au moins une partie de la crainte que ceux au pouvoir me tuent, s’ils en arrivaient à me percevoir comme une menace envers leur droit inaliénable de détruire la planète. Je me suis posé la question quel est le pire qu’ils puissent me faire ? Concrètement, le pire qu’ils puissent faire c’est me tuer. Oui, ils peuvent me torturer — ce qu’ils font à beaucoup — ou m’enfermer en confinement solitaire — ce qu’ils font aussi à beaucoup — mais j’ose espérer voilà le mot qu’en de telles circonstances je serais capable de m’ôter la vie, si nécessaire. Et, pour autant que je sache, s’ils me tuent, une de trois choses différentes adviendra probablement. La première possibilité, après la mort, c’est l’extinction des feux », les lumières s’éteignent ; auquel cas je serais juste mort, et je n’en saurais rien de toute façon. Une autre, qu’après la mort nous nous retrouvions autre part », peu importe ce que cela signifie, auquel cas je continuerais à les combattre depuis là-bas. Et, une troisième, qu’après la mort, nous nous réincarnions. Si tel était le cas, je suivrais la voie de Kartar Singh Sardar Kartar Singh Saraba, ou encore Shaheed Kartar Singh Saraba, un jeune indien de 18 ans qui s’est battu pour expulser les britanniques de chez lui, et qui, en 1915, fut trahi et capturé. Alors que le magistrat responsable de l’affaire s’apprêtait à choisir entre le pendre et l’emprisonner à vie, Kartar Singh s’exprima ainsi Je souhaite être condamné à mort, et pas à la prison à vie, afin qu’après ma réincarnation, je puisse m’efforcer d’anéantir l’esclavage imposé par les blancs. Si je nais femme, je porterai des fils aux cœurs de lions, et les inciterai à tailler en pièce les dirigeants britanniques. » La cour décida qu’il était trop dangereux pour qu’on le laisse vivre. J’espère qu’il est revenu pour se battre à nouveau. Derrick Jensen Traduction Nicolas CASAUX A l'initiative de ma copine tout récemment expatriée aux US, je me suis lancée dans la lecture d'une fresque historique, un genre assez peu présent dans mes choix de livres finalement. L'avantage d'avoir des amis qui n'ont pas attendu le baccalauréat pour se lancer à la conquête de l'art, c'est de profiter de leur regard plus aiguisé en la matière. Les études post-bac ont beau jouir d'un certain prestige, les bases enseignées au plus jeune âge n'auront jamais leur pareil. A sensibilité égale, éducation du regard différente. La lecture conjointe avec ses potes en temps réel, ça a quelque chose de foutrement cool. En dehors du fait de resserrer les liens malgré la distance, c'est aussi la porte ouverte à des débats, des observations, des réceptivités différentes et ô combien enrichissantes. Ma copine a donc choisi de nous plonger dans le cycle Le siècle de Florence, de cette auteur française à la notoriété grandissante. Avec les romans de Sophie Chauveau, nous nous sommes donc envolées vers la plus belle ville d'Italie, à la rencontre des grands maitres de la Renaissance. Le quattrocento, c'est peut être le siècle le plus passionnant de l'histoire de l'art. Premiers paiements conséquents des artistes, invention de la perspective, libération des corps, retour à l'hédonisme des sujets de l'Antiquité, réajustement des choses en écartant Dieu pour placer l'homme au centre de la peinture... C'est le siècle des lumières sur lequel souffle un vent de renouveau et d'audace incarné par les maîtres italiens, six siècles plus tard encore appelés les grands maîtres de la peinture classique. Donatello, Ucello, Lippi, Fra Angelico, Bramante, Le Pérugien, Piero di Cosimo, Raphael, Michel-Ange, Masaccio, De Vinci, Ghirlandaio, Diamante et bien sûr Botticelli. Des noms familiers, d'autres moins. Au travers de ces trois récits, chronologiques et qui se suivent, Sophie Chauveau nous entraine au coeur du quattrocento florentin comme si l'on y était. Elle se sert pour couvrir la période de trois de ces artistes majeurs, Fra Fillipo Lippi, Sandro Boticelli et Leonardo da Vinci. Ces trois romans, brossés en forme de biographie, se centrent également sur leur époque. A leurs côtés, la dynastie Médicis se succède, dans toute sa grande histoire. Car toute cette gloire n'aurait pu être possible sans la famille Medicis, mécènes émérites de la Renaissance. ◆◆◆ Un puits de savoir. Un style d'écriture fluide. De belles réflexions sur l'art. L'expérience de lecture est très réussie. Immersive, intelligente et passionnante, j'ai retenu de nombreuses phrases et de nombreux passages qui m'ont illuminé de leur sens. Et j'ai refermé ces trois romans complètement transportée, avec l'impression d'être partie en voyage, d'avoir fait un saut dans le temps. Fait suffisamment notable pour être remarqué, ces trois romans sont inégaux on perçoit l'évolution de l'écriture de l'auteur. De prime abord, le style est décevant. De rares maladresses, et une approche parfois un peu godiche, enfantine. Le style d'écriture, ni mauvais ni brillant, oscille entre les deux. Les livres de Sophie Chauveau n'ont pas le prestige et la perfection des biographies de Dominique Bona, maitre incontestée en la matière. Et puis, au fil des pages, Sophie Chauveau prend du galon. Sa plume se travaille, s'affine et devient même brillante. J'ai été très impressionnée par tant d'intelligence, de psychologie, de compréhension artistique. Je suivrais désormais sa production littéraire avec beaucoup d'intérêt. Sophie Chauveau m'a complètement subjuguée. On fait confiance à l'exactitude des faits, que l'auteur a couché sur papier au prix de quatre années de recherches. Le siècle de Florence, c'est un prof d''histoire de l'art qui nous l'a recommandé. ◆◆◆ Le pitch Florence, 1414. Cosme de Médicis, dirigeant de la ville, arpente les rues de Florence lorsqu’il se retrouve nez à nez avec un enfant sale en train de dessiner au charbon dans le sol poussiéreux. Grand amateur d’art, Cosme repère immédiatement le talent chez Fillippo Lippi, et décide de devenir son protecteur. Fra Angelico, son ami, aura le soin de former le jeune artiste et le couvent des carmes le prendra sous son aile. Moine libertin, l'indomptable Lippi fera souffler un vent de passion sur la Renaissance. Qui aurait cru la peinture d'un orphelin des rues capable de bouleverser son époque ? ◆◆◆ Quelle injustice. Je ne connaissais pas du tout cet artiste. Genre, jamais entendu parler. Pourtant ses tableaux, en tous cas quelques uns, je les ai déjà admirés à la Galerie des Offices de Florence. Fra Fillipo Lippi est le premier peintre à se réclamer autre qu'artisan. Audacieux, il est celui qui crée le statut de l'artiste tel qu'on le connait aujourd'hui. Lippi, c'est le moine libertin du quattrocento. Le prince des bordels. La tête brûlée qui ouvrira la voix aux autres. Un enfant abandonné. Un amoureux des femmes. Un génie de la peinture. Lippi, qui échappe de justesse à l'échaffaud plusieurs fois, est un jouisseur, un hédoniste, un inconscient, trop occupé à croquer la vie pour se soucier de la perdre. J'ai adoré ce personnage, qui n'était pourtant pas rendu très sympathique. Libre, quoi qu'il arrive. Lippi fait ce qu'il veut. Habile, il parvient à s'éviter les pires peines là où le quart de ses frasques auraient pu lui valoir une mise à mort sur le champ. Cette immunité dont il n'est pas conscient, il la doit à son mécène, l'homme le plus puissant de la ville. Cosme de Médicis, son protecteur, veille sur lui. Grop coup de coeur pour Cosme. Mon personnage préféré de tout le roman. Je l'ai trouvé fascinant, magnétique, extraordinairement moderne. Son esprit, son idéal, noble et précurseur. A sa suite, la dynastie Médicis fera de Florence le centre du monde des arts et du raffinement, et bien plus encore. J'aurais aimé en savoir beaucoup plus sur Cosme, un personnage a qui je vais dorénavant beaucoup m'intéresser. J'ai adoré la vision du monde de Lippi. Dans sa peinture, très reliée à sa jouissance sur terre, Lippi excelle en fonction de la qualité des nuits qu'il a passé. Un être attentionné envers les femmes, qu'il adore et traite en grand respect. Ce qui ne l'empêche pas de les collectionner. Il y a quelque chose d'émouvant chez ce garçon abandonné. J'ai aimé les personnages qui gravitaient autour de lui. Guido, Flaminia, Cosme, Pierre, Masaccio, Diamante. Seule Lucrezia, sa femme, m'a ennuyée, et j'ai trouvé leur histoire d'amour assez peu intéressante. Sophie Chauveau qui aime aussi à nous dépeindre la vie à Florence, nous fait rencontrer d'autres peintres. Donatello, Fra Angelico, Diamante, Masaccio, Ucello, Ghiberti, Brunelleschi. Défiance, amour, jalousie, grande amitié. ◆◆◆ Le pitch Florence, 15ème siècle. Un certain Botticelli reprend les rennes de l'atelier Lippi. Très vite sacré plus grand artiste de la ville, au grand dam de Leonard de Vinci son ami et rival, Botticelli mène à son paroxysme la peinture de la Renaissance. Sous le règne de Laurent de Médicis, jamais la ville, en déclin, n'aura autant été étreinte par le sang, la beauté, la mort et la passion. Adulé puis oublié de tous, aussi secret que Florence est flamboyante, Botticelli habite un rêve connu de lui seul. ◆◆◆ Mon roman préféré de la trilogie. Pas très étonnant, puisqu'il se centre sur l'un de mes peintres préférés de tous les temps. Pour moi Botticelli, c'est la quintessence de la Renaissance. Je me souviens des heures passées devant ses tableaux à Florence, des reproductions que j'avais acheté pour décorer ma chambre d'adolescente, qui m'ont si longtemps hypnotisée. Botticelli c'est l'âme inconsolable d'un chagrin inexpliqué qui le suivit toute sa vie. De cette sensibilité accrue, de cette personnalité torturée, surgit l'esthétique Morbidezza. Enfin un mot pour qualifier tout ce que j'ai toujours aimé dans l'art jusqu'à présent sans savoir pourquoi. Je me suis beaucoup reconnue dans ses représentations, dans l'esprit du peintre, cet éternel mélancolique. La ligne, d'abord la ligne. La poésie, toujours. Le désir de se détacher de la réalité pour cheminer vers son monde intérieur. L'extrême sensibilité du peintre, ses difficultés pour entrer en contact avec les autres, m'ont beaucoup touchée. Boticelli, c'est l'apprenti de Lippi, son premier élève et son plus brillant, celui qui dirige l'atelier à la mort de son maitre. Longtemps le plus grand artiste de son temps, Botticelli, en perpétuel doute et toujours un peu apeuré, n'en a pas forcément conscience. Tout au long du roman, j'ai senti dans les mots de Sophie Chauveau son amour pour le peintre, que je partage hautement avec elle. Au fur et à mesure des pages, la construction de ce chef d'oeuvres invite à faire des recherches et à mieux observer ces toiles qu'on connaissait pourtant déjà par coeur. La pallas, Le printemps, La naissance de Venus... Au coeur de l'histoire, toujours Florence. Mais cette fois ci une Florence extrêmement trouble, aux mains du virulent Laurent de Médicis, où complots d'assassinats commandités par le pape lui-même ! et fanatisme religieux pour le moine Savonarole contrastent avec le climat de liberté totale du "règne" de Cosme de Médicis. De nouveau personnages viennent compléter le tableau. Gravitent autours de Botticelli, les mots de Dante, les vers de Ficin et Politien, le bras de Vespucci et les peintres Le Pérugien, Leonard de Vinci, et même en ombre chinoise Michel-Ange et Raphaël. J'ai beaucoup aimé les passages d'admiration réciproque et d'amitié sincère entre Botticelli et De Vinci. J'ignorais qu'après avoir vu la Joconde, Botticelli décide d'arrêter de peindre, tandis que De Vinci, que personne ne remarque, aura passé sa vie à essayer d'égaler Botticelli. J'ai adoré les relations que parvient à nouer le peintre craintif et dépourvu de gout de vivre. Tout particulièrement sa petite tribu, ses liens du coeur, plus forts que tout, avec les Lippi, sa véritable famille. Fillipino Lippi et sa soeur Sandra Lippi, Lucrezia Lippi et le vieux Diamante, sans oublier ses chats. Ses deux frères rescapés, Antonio et Simone et son indispensable neveu Luca. Très friande des histoires de relations qui transcendent les frontières et les étiquettes, j'ai été servie par le trio Botticelli, Pipo et Sandra, qui s'aiment, se désaiment, s'ignorent, se haiïsent, mais ne sont jamais bien loin et se tombent dans les bras au fil des décennies. Ce mélange d'amour fraternel, charnel et amical, m'a énormément touchée et se rapproche beaucoup de ma vision de la vie et des relations. Cosme m'a manqué, tout au long de ce roman. Son sillage n'est plus et les Médicis, bien qu'encore puissants, sont en perte de vitesse. J'ai adoré apprendre qui se cachait derrière la Venus de Botticelli et la Joconde de De Vinci. Je me suis sentie terriblement touchée, happée, traversée par une résonnance inouïe avec l'art, la vie et les sentiments de Botticelli. J'ai eu l'impression qu'on peignait mon portrait à moi, et non celui de l'artiste, au travers de ces pages. Trop drôle de se trouver un alter ego mort il y a 500 ans. Une expérience franchement aussi fascinante que troublante. ◆◆◆ Le pitch Florence, 15ème siècle. Dans l'ombre de la renommée de Botticelli, il y a le jeune Leonard De Vinci, peintre, inventeur, scientifique, ingénieur qui passe inaperçu. Perclus à la fois de doutes et d'une assurance à toute épreuve, il a la malchance d'être estimé de ses pairs mais pas des grandis du pouvoir italien. Balotté de ville en ville, servant les causes de Ludovic le More à Milan, de Cesar Borgia à Rome et de Laurent de Médicis à Florence, Leonard De Vinci déplait et ne doit sa postérité qu'à François Ier qui le pousse à traverser les Alpes pour s'établir en France. Si l'on sait beaucoup du virtuose, du scientifique précurseur et du peintre de génie, la vie intime, les sentiments et pensées de ce mystérieux personnage restent floues quant à son obsession de tout savoir et tout comprendre au fil des ressors de son inépuisable créativité. ◆◆◆ Qui de mieux pour clore cette trilogie des grands peintres de la Renaissance que Leonard De Vinci ? Déjà personnage du le précédent roman, cette fois ci l'histoire se noue exclusivement autour des yeux et des sens de Leonard De Vinci, quitte à relater des événements déjà racontés dans Le rêve Botticelli. Si le roman peine à démarrer, il est nécessaire de s'y accrocher car L'obsession Vinci est un vrai bijou. J'ai été complètement époustouflée par ce roman. J'y ai appris tant de choses. Tout le monde croit savoir situer cet artiste, un nom que connaissent toutes les bouches. Mais en définitive, qui connait le vrai Leonard De Vinci ? Pas grand monde. Leonard De Vinci, c'est avant tout un homme de l'échec. Bâtard de naissance, il se sentira inférieur et développera un complexe de supériorité toute sa vie durant. L'Italie n'aura jamais su reconnaitre le génie en Leonard De Vinci. Si l'histoire a surtout retenu le savant à la longue barbe blanche, Leonard de Vinci fut avant tout un très bel homme, grand, séduisant, hypnotique une force de la nature. Sa jeunesse, il l'a partagée entre jouissances et études intellectuelle. Son grand rêve ? Construire une machine et être le premier homme à voler. Autodidacte et touche à tout, Leonard est un précurseur, un visionnaire, un incompris. Végétarien, inverti, volatil, sulfureux et vantard, il n'est pas du gout des puissants de son époque. Leonard De Vinci, contrairement aux autres artistes, n'a pas de protecteur ni de mécène. Sa vie durant, il lui faudra chercher argent et protection. Et Dieu sait que Leonard tombe mal son époque, remplie de troubles, a de quoi rendre chèvre. Guerres, coup d'état, fanatisme religieux, prises du pouvoir les nouveaux dirigeants s'enchainent et ne se ressemblent pas. Jamais Leonard ne semble trouver grâce à leurs yeux. Florence d'abord, sa ville natale, puis toute l'Italie lui tourne irrémédiablement le dos. Le pays refuse de faire confiance en ses projets d'ingénérie Leonard a une réputation de traitre. Ses sublimes fêtes ? On les remarque à peine. Ses projets de savoir encyclopédique ? On lui en coupe la possibilité. Sa peinture ? On lui préfère celle de Boticelli, Michel-Ange ou Raphael. Toute sa vie durant, Leonard oscille sur les routes. Si Florence le rejette, il ira à Milan. Si Milan lui tourne le dos, il cheminera vers Venise. Si Venise ne veut pas de lui, il marchera vers Rome. Et si Rome l'ignore, qu'à cela ne tienne, il se ralliera à l'envahisseur français. J'ai trouvé en Leonard De Vinci un personnage mystérieux, fascinant de complexité. J'ai adoré déambuler dans son esprit, que Sophie Chauveau nous conte admirablement. Ses émotions, ses bouffées d'orgueil, ses gestes incompréhensibles, sa grande générosité, son sens de la démesure, ses cuisantes déceptions... L'auteur nous dépeint un être à part, qu'on estime et comprend furieusement. J'ai beaucoup aimé sa petite tribu, l'amour qui le lie aux gens. Leonard, adorateur des animaux qu'il recueille tant qu'il peut, sait tout aussi bien s'enticher de gens qui ne le quittent plus. Zoroaste et Atalante, ses plus vieux amis. Botticelli, son ami, son modèle, son rival, le seul dont il se soucie de l'opinion. Battista, le brave homme ami des bêtes, Melzi son secrétaire qu'il attendit toute sa vie. Cecilia Gallerani et Lisa del Giocondo, ses mains féminines. Mais aussi et surtout le sulfureux Salaï, son démon et grand amour. Salaï m'a fait grande impression. Ce personnage loin de l'image qu'en reflétait la BD de Benjamin Lacombe Leonard & Salaï a tout de déstabilisant. Il est le diable dans le corps d'un ange. Il salaïno, démon en italien. Son coeur fourbe, ses intentions sournoises, ses malversations assumées. Il n'est que caprices et sensualité. Détesté par tout le monde, adulé par Léonard qui lui cède tout par amour, il y a chez Salaï, cet instinct de survie égoïste, ce narcissisme éperdu et cette incroyable foi en ses charmes qui le rend plus que fascinant. En définitive, il y a quelque chose d'infiniment triste dans le destin de Leonard De Vinci, pavé de souffrances et de malchances. L'homme, trop sûr de lui, butte sur de nombreux obstacles. Il est pourtant d'un talent hors du commun Louis XII de France menaçait d'entrer en guerre avec Milan pour décrocher du mur sa Cène et la ramener en France. En voyant la Joconde, Fillipino Lippi meurt tandis que Boticelli décrète s'être trompé depuis toujours et ne voudra plus jamais peindre. Il lui faudra pourtant attendre les dernières années de sa vie pour accéder à la vraie renommée, diffusée depuis les yeux de François Ier qui s'était épris de son art et fit de lui le génie que tout le monde sait nommer. L'obsession Vinci, le plus long des trois romans, conclue parfaitement le cycle du Siècle de Florentine. Et quel siècle ! J'ai adoré les nombreuses heures passées en sa compagnie. Quant à son dernier tome, le style d'écriture est sublime, l'histoire aussi riche qu'inattendue et le personnage incomparable. J'ai aimé me glisser dans ses pensées, ai eu l'impression de vivre sa grande histoire à ses cotés, en ai appris tant et plus. Un grand coup de coeur de lecture à mettre entre toutes les mains, et surtout les celles des passionnés d'Art. La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Voici la première partie de notre épisode quatre vingt-dix des clips de la semaine. . . Terrenoire et Pomme – Ça Va Aller Une chanson qui fait du bien. Voilà comment on pourra simplement définir ça va aller de Terrenoire. Porté par un refrain aussi simple qu’entêtant dans lequel on a envie de s’enfoncer pour y croire encore et toujours. Les deux frangins qui s’imposent un peu plus chaque jour comme la nouvelle petite sensation de la pop française offre une seconde vie à leur morceau en y invitant Pomme, le tout offrant une relecture encore plus lumineuse et un croisement assez évident entre deux univers qui mettent en leur cœurs un savant mélange d’intime et de poétique. Comme un signe du destin, les trois artistes se retrouvaient ils y a peu ensemble au Printemps de Bourges. L’occasion était trop belle pour ne pas apporter des images à cette jolie collaboration. C’est chose faite, et ce dans un temps record, grâce au génie de notre cher Hugo Pillard. En 20 minutes c’est la vidéo qui ne le dit le quatuor a bouclé une vidéo qui colle à merveille aux sentiments développés dans le titre. Une fuite en avant solaire entre sourires et retour à une certaine idée de l’enfance et de la pureté. On les suit dans leur aventure dans ce paysage idyllique ou le temps semble ne pas avoir d’emprise sur le monde. Et avec tout ça, on a envie d’y croire avec eux définitivement, ça va aller. Villagers – So Simpatico Les métaphores les plus simples, sont parfois les meilleures. En jouant de l’opposition entre un clown triste et un clown heureux, Rosie Barrett rend une illustration parfaite de So Simpatico, la dernière merveille de Villagers. Il est ici question d’amour, de sentiments en explosions et de réconciliation que ce soit avec les autres ou soi même. Conor O’brien nous offre un morceau à l’ambition décuplée, totalement libre dans sa longue et sa constitution. Le morceau joue de sa prétendue simplicité et de ses mots qui se répètent pour nous offrir un joyaux organique et hypnotique qui nous cajole et nous redonne un sourire d’une oreille à l’autre, l’interprétation et les arrangements devenant un transmetteur idéal aux émotions du morceau. La vidéo joue sur la relative longueur du morceau 7min15 tout de même pour nous offrir un vrai petit court métrage. Lumineux et onirique, on part en promenade avec ces deux clowns en quête de joie de vivre. C’est tendre et poétique, enlevé et entrainant. Fever Dreams est attendu pour la fin du mois d’août et si vous êtes déjà on peut juste vous dire que l’attente en vaut la peine. Rendez vous à la rentrée. Edge – LBMLB Après un succès critique plus que correct avec son premier projet, OFF et une présence très intéressante sur Private Club un projet collaboratif avec ses amis et collègues Jazzy Bazz et Esso Luxueux, Edge revient avec LBMLB. Derrière cet acronyme signifiant La Banquière Me Les Brise, le rappeur vient démystifier avec ironie la vie d’artiste avec l’aide du réalisateur Baptiste Erondel. Si certains pensent trop aisément que la vie de jeune artiste est un fleuve tranquille où coule billets et luxure, la réalité est souvent bien différente. Heureusement, malgré les difficultés financières des débuts, certains continuent de croire en leur art, persuadés, souvent à raison, que celui-ci payera un jour ou l’autre. la banquière comprends pas qu’j’suis béni » Par contre, une qui n’est pas enchantée de ce chemin long et rempli d’investissement, c’est la banquière. Prête à tout pour que son institution ne perde rien, elle traque l’artiste qui s’en amuse avec une dérision bien sentie. Tellement elle m’colle, j’crois qu’elle est lovе » Rythmé par un montage effréné et des effets visuels psychédéliques, le rappeur s’amuse avec les mots entre kickage maîtrisé et mélodies toujours aussi efficaces. Bon Enfant – Ciel bleu Notre étape québecoise hebdomadaire nous est offerte cette semaine par Bon Enfant. Après nous avoir enchanté avec un premier effort éponyme en 2019, le groupe est déjà de retour avec un second album prévu pour l’automne et qui dévoile ces premiers indices avec Ciel Bleu. Et une chose est certaine, le quintette n’a rien perdu de la flamme qui l’animait. Une section batterie-guitare qui donne un rythme fou, des synthés épique et on se retrouve face à une envolée sonore réjouissante et hyper positive, comme un remède à l’époque un poil plombante que l’on vit actuellement. Cette idée vit d’ailleurs particulièrement bien dans les paroles, nous appelant à combattre les obstacles autant que le cynisme et à faire de la naïveté et de la tendresse des forces communes qui poussent à l’unité et au vivre ensemble. Visuellement, David Bourbonnais entraine le groupe au cœur des étoiles. Les galaxies et les couleurs s’enchainent et virevoltent autour du groupe qui joue le morceau comme si leur vie en dépendant. On est happé dans cette imagerie lumineuse, chaleureuse et un brin psychédélique. Ensemble jusqu’à la fin, c’est bien tout ce qui compte. Deen Burbigo – Sennin Mode L’écurie flamboyante de L’Entourage a encore beaucoup de carburant dans un V12 qui semble inépuisable. Et ce ne sont pas les récentes frasques de Deen Burbigo qui viendront infirmer le contraire. Toujours plus à cheval sur la qualité que sur la quantité, le rappeur exprime sa longévité et son amour pour un rap qui lui colle à la peau dans le clip de Sennin Mode réalisé par Johann Dorlipo. Durer dans le rap semble de plus en plus compliqué au fil des années, mais pourtant depuis la décennie passée, Deen peaufine son art et s’assoie à la table des techniciens du genre. Un parcours retracé dans une nouvelle leçon rapologique. Il a décidé de la symboliser avec la figure du bonsaï, synonyme de longévité et fil rouge de ce dernier visuel. Porté par l’artiste lui-même et entouré de certains de ses proches à l’instar d’Eff Gee membre de L’Entourage et grand ami de l’artiste le bonsaï suit sa route avant de se retrouver dans nombres de lieux qui ont vu l’artiste se développer dans tous les sens du terme. Big Eff, mon bras droit et moi l’sien, j’commence à peine à être chaud » Un seul couplet suffit pour faire le point et montrer encore une fois le talent qui bouillonne en Burbigo. L’annonce de son prochain EP, confirme qu’il n’est pas prêt de lâcher son amour et sa pratique d’un art et d’une culture qui l’ont toujours suivi de près. Lolo Zouaï – Galipette Superstar pop en puissance Lolo Zouai continue d’affirmer son univers aussi singulier que diversifié à travers un nouveau visuel haut en couleur réalisé par Amber Grace Johnson. Dans Galipette elle mélange à nouveau les ingrédients qui font sa renommée et qui collent à merveille aux mœurs de son époque une impertinence à toute épreuve mise au service d’une confiance en elle presque enviable mais tellement agréable. Le tout mit en musique entre la douceur de sa voix et des rythmiques trap bien plus sombres. Une dualité qui sert à merveille la musique d’une artiste qui entre San Francisco, la France ou encore l’Algérie a su se nourrir de diverses cultures pour installer sa musique. Il n’est donc pas étonnant de la voir commencer le morceau en français, s’amusant des codes du burlesque et invitant sa fanbase française très active à plonger dans ce titre avant qu’elle ne surgisse de l’eau prête à boxer tous les hommes mal intentionnés se dressant sur son chemin. Entourée de femmes inspirantes telles que l’équipe féminine de gymnastique de l’Université de Californie, comptant plusieurs championnes nationales, la jeune artiste envoie tout voler dans un clip dynamique au message plus qu’actuel. Nerlov – Ma vie avec elle Les chansons d’amour ont généralement un chemin très balisé, sans vraiment de nuances où l’on doit souvent choisir entre le grand soleil ou le ciel de pluie. Des choses qui les rende au mieux prévisible et souvent très chiante. Heureusement pour nous Nerlov est plutôt du genre à ne pas mettre de GPS sur sa musique et à se perdre un peu et nous avec lui. L’angevin est un homme de contraste et ses chansons ne se départissent jamais d’un certain cynisme, un peu d’humour bien senti qu’il accole à des productions souvent apocalyptiques. Alors quand il dévoile un morceau qui s’appelle ma vie avec elle, on s’attend à tout sauf à quelque chose de classique. Oui Nerlov nous parle d’amour, mais à sa manière, noyé dans les doutes, les surprises et les incertitudes. Sa relation amoureuse, il l’envisage comme une porte de sortie sans attente particulière. Toujours un peu neurasthénique, il met cette relation en parallèle à des sentiments ambivalents envers sa propre personne et un monde qui se barre de plus en plus en couille. Le tout donne une échappée heureuse sur l’instant qui peut autant courir sur le long court que se fracasser rapidement dans un mur. Un sentiment qu’on a finalement tous ressenti à un moment ou un autre de notre vie. Musicalement, on appréciera particulièrement le côté très tranché entre le couplet et le refrain, offrant deux perspectives émotionnelles différentes, alors que le morceau se termine par une longue plage électronique assez emballante. Visuellement, c’est une forme d’épure qui est choisie par François L’Haridon & Simon Higelin. Après nous avoir rappeler l’importance de l’hygiène bucco-dentaire, on se retrouve face à un plan assez simple sur le visage de Nerlov, entrecoupé de plans plus resserrés sur ses yeux. Au fur et à mesure que le morceau n’avance, la caméra se fait plus instable, en mouvement presque permanent avant de transformer le tout en délire presque psychédélique sur le dernier tiers instrumental. Nerlov sera de retour à l’automne avec un nouvel EP et on pourra le retrouver en concert au Crossroads Festival et au MaMa. Floky – Pendant qu’elle dort Pour le moment seul et unique signature du jeune label Suite 21, Floky a pu s’entourer d’une équipe de professionnels à l’écoute de sa musique pour l’emmener le plus loin possible dans son processus créatif. Après quelques moments à travailler dans la discrétion, il est venu l’heure de dévoiler un premier clip avec Pendant qu’elle dort réalisé par Léo Joubert et Faneva Rabetsimamanga. Filmé de manière très cinématographique, le visuel se déroule au rythme de l’instrumentale de wetprogres et des arrangement de Roseboy666, filmé en noir et blanc, l’ambiance visuelle prolonge à merveille celle émise par l’artiste dans ce morceau. Nourrit par ses démons, Floky tente de les abandonner en partant en vacances avec trois amis. Leur caravane adossée à la falaise faisant face à la mer, ils évoluent entre rires et moments de réflexions, portés par la voix étonnamment hypnotique de leur pote artiste. Malgré ces épisodes de relâchement, c’est bien les démons du chanteur qui transpire à travers cette ballade à la fois teintée de noirceur mais laissant entrevoir un fin filet d’espoir, expliquant peut-être le choix du filtre noir et blanc appliqué au visuel. Poétique dans sa musique et son visuel, Floky commence à installer un univers prenant qui donne déjà envie d’en savoir plus. PH Trigano – Escroc Feat. Swing L’amour est un Escroc, c’est PH Trigano qui le et producteur qu’on a déjà pu retrouver aux côtés de Loveni, Ichon, Crystal Murray ou Lala &ce revient à la musique sous son propre nom et annonce un album pour la rentrée. C’est dans une douceur crépusculaire que l’artiste nous love. Ce nouveau morceau c’est une lettre ouvert à l’Amour, celui qui trahit et déçoit, celui qui empêche de dormir. PH s’y adresse directement, lui qui l’a croisé dans les livres, dans les films, qui s’est paré d’illusions pour mieux dévoiler ensuite sa vraie nature. Des thèmes romantiques doux amer qui appelle une musique à la hauteur, le bonhomme nous offrant un r’n’b organique et moderne ou l’homme s’autorise enfin à chanter ses peines plutôt que ses victoires. Pour apporter un peu plus de profondeur et d’aspérité au morceau, PH Trigano laisse une bonne place à son pote Swing qui nous offre un refrain chanté parfait et plein de sentiments. Artiste aux multiples talents, PH Trigano passe aussi derrière la caméra pour s’offrir un clip presque naturaliste entre le jour et la nuit. On suit les deux musiciens face à leur solitude, alors que l’amour se retrouve personnifié, se maquillant et se faisant sensuel pour mieux nous attirer dans ses filets. PH Trigano a définitivement raison, l’amour est un escroc. Bushi – Qatari L’ascension du jeune Bushi ne cesse de continuer de morceau en morceau. Passé par des expériences de groupes Lyonzon, Saturn Citizen, il s’épanouit également en solitaire comme en témoignent ces deux récentes sorties Mistral et Qatari sorti cette semaine et mis en image par Steeny777. En symbiose avec l’instrumentale de Taemintekken, le jeune prodige laisse sa voix singulière tutoyer des sonorités entraînantes. Comme à son habitude, il a fait le choix d’un visuel épuré où les mêmes lieux reviennent au cours du clip. Une manière cyclique de réalisation qui accompagne à merveille l’énergie du morceau. A l’image du titre, Bushi se la joue Qatari avec une grosse voiture, pourtant il ne vient pas ici flexer avec la richesse, mais il exprime le désir de réussir et de tutoyer cette opulence. Ici, on veut vivre comme des Qatari » Le chemin semble encore long et le rappeur à l’air de l’avoir intégré. Entre les plans avec cette voiture de luxe, viennent se glisser un rendu plus réel de la vie du jeune rappeur. Oscillant entre ces deux modes de vie, son ascension devrait bien vite lui apporter un certain confort de vie. BAASTA! – Gardons l’élégance Tiens, revoilà BAASTA! Les arrageois continuent de battre le fer tant qu’il est chaud et dévoilent déjà le troisième single de l’année avec Gardons l’ l’élégance c’est un appel à la résistance, un besoin d’aller à contre courant, de ne pas suivre les yeux fermés tout ce que le monde nous demande de faire. Une dernière bravade car si le bateau coule, on n’est pas obligé d’aller percer sa coque. Comme toujours, le duo n’hésite pas à balancer les mots qui claquent et frappent fort. Toujours porté par cette dualité entre la basse et la guitare, BAASTA! nous offre une autre facette de leur musique, avec ces nappes électroniques qui viennent souligner un thème et une composition plus pessimiste que d’habitude. On sent en effet un sentiment d’inéluctable qui transpire du morceau, comme si les efforts ne servaient plus à rien. La fin du monde pour bientôt ? Sans doute, mais cela ne doit en rien empêcher de foutre un bon coup de pied dans la fourmilière et ça BAASTA! le fait, et le fait bien. Visuellement, le groupe nous entraine dans un monde depixelisé, toujours portait par leur esthétique en noir et blanc. La vidéo alterne les perspectives entre FX et Yo qui jouent leur morceau et un amusant jeu de peinture les transformant ironiquement en …chevaliers blancs. Alma Elste – Cy Les morceaux en piano voix sont souvent des aventures un peu casse gueule. Parce qu’il est souvent difficile de se cacher derrière un piano et que les émotions mentent rarement, s’aventurer dans cet exercice est souvent périlleux. Heureusement pour Alma Elste, c’est une aventure à deux qu’elle nous offre avec Cy. Parce que le piano est son meilleur pote depuis toujours et que ce morceaux ils le partagent ensemble. À lui le rythme et la douceur, à elle les émotions et l’emphase, bien aidée par une voix sublime et mouvante aussi a l’aise dans le côté un peu jazz et planant que quand elle se décide à s’envoler pour côtoyer les étoiles. Le tout nous offre un cocon de 2min30 dans lequel on décide de s’enferme encore et encore, comme un câlin réconfortant qu’on voudrait vivre pour toujours. Visuellement, Thomas Gerard nous offre une promenade solaire et terre à terre ou l’on suit l’artiste dans un quotidien entre le réel et le fantasme à la reconquête de sentiments parfois contrastés. En un mot comme en cent on fond totalement face à Alma Elste.

la vie est belle malgré les peines qui nous enchainent